L'actualité regorge d'accidents liés à la vitesse. Les conséquences sont graves pour les conducteurs et pour leurs passagers. L'ensemble de la société y perd aussi dans la mesure où de tels drames s'avèrent très coûteux, tant sur le plan humain que financier.

L'actualité regorge d'accidents liés à la vitesse. Les conséquences sont graves pour les conducteurs et pour leurs passagers. L'ensemble de la société y perd aussi dans la mesure où de tels drames s'avèrent très coûteux, tant sur le plan humain que financier.

Lorsque vient le temps de trouver la cause de toute cette absurdité, on montre du doigt le jeune âge des conducteurs et leur inexpérience, l'alcool et la vitesse.

Mardi, le coroner Yvon Garneau recommandait l'instauration d'un couvre-feu pour les jeunes conducteurs. De plus, il proposait que tous les véhicules neufs vendus au Canada soient munis d'antidémarreurs éthylométriques.

Ces recommandations sont intéressantes et il en est de même pour l'ensemble des intervenants qui se penchent sur cette problématique et qui demandent plus de contrôles policiers, plus de radars-photos et plus de publicités-chocs.

Tout cela est bien beau, mais deux aspects fondamentaux sont occultés.

Premièrement, il faudrait tenir compte du fait suivant: la vitesse c'est le «fun». Tous ne sont pas des conducteurs de Toyota Tercel. Beaucoup de jeunes prennent plaisir à aller vite et c'est compréhensible (ce qui ne veut pas dire justifiable).

Deuxièmement, il faudrait aussi tenir compte des véhicules qui ne cessent de s'améliorer. Les autos ont fait un gain significatif en puissance et en stabilité routière. Il n'est plus rare, en 2011, de retrouver des véhicules de plus de 200 chevaux et un couple élevé pouvant facilement et rapidement - ce qui comporte un aspect euphorisant - atteindre des vitesses élevées.

Cette course à la performance est un aspect important du problème. En plus d'être mauvaise pour l'environnement en augmentant inutilement la consommation d'essence, la vitesse n'a pas de justificatifs rationnels.

Jusqu'à preuve du contraire, il n'existe aucune disposition dans la loi permettant à un citoyen d'aller au-delà de la vitesse permise. Certains plaideront qu'une urgence pourrait justifier une violation de la loi, mais l'argument ne fait pas le poids puisque les services ambulanciers existent notamment pour ce genre de situation.

En fin de compte, il est fort probable que la vitesse excessive de nos engins de course ne soit rien d'autre qu'une incongruité de plus tolérée dans notre société. Nous avons de puissantes bêtes de course, mais il est interdit de s'en servir...

Comment deux concepts aussi contradictoires peuvent-ils coexister? C'est encore la même histoire du bâton et de la carotte qui revient. D'une main, on permet, de l'autre on punit. Évidemment, il ne s'agit pas de traiter les conducteurs en martyrs, mais il faut absolument prendre conscience de l'effet pervers qu'entretient ce paradoxe.

Encore une fois, il faut reconsidérer la pertinence d'une telle puissance puisqu'il est illégal de l'exploiter. Actuellement, on voudrait contrer la vitesse par la généralisation d'un sentiment de peur et la menace d'une répression omniprésente et très sévère. Ces moyens ont démontré leurs limites depuis longtemps et leur caractère infantilisant est une insulte à l'intelligence.

Enrayer le problème de la vitesse passe par l'abolition de cette dernière. Il faut «barrer» les voitures, tout comme les motos, à 100 km/h. Installer un mécanisme bloquant les accélérations au-delà de la limite permise est possible et techniquement réalisable. Alors, le problème de la vitesse sera réglé et nos policiers pourront faire autre chose que des opérations radars sur nos routes. En bonus, nous diminuerons la consommation d'essence et par le fait même l'émission de gaz polluants.

Toutefois, ces mesures nécessitent une vision et une audace politiques dont peu de nos élus savent faire preuve. Ah oui, peut-être que les sommes perçues grâce aux infractions reliées à la vitesse pèsent lourd dans la balance décisionnelle...