Il fait froid en ce 3 mai, très froid. Désolé, le symbolisme de la nature s'y portait trop bien.

Il fait froid en ce 3 mai, très froid. Désolé, le symbolisme de la nature s'y portait trop bien.

Lundi soir, alors que le dépouillement des votes s'achevait, j'ai senti une peur commencer à s'installer en moi. Remarquez, je ne tenterai guère d'endoctriner qui que ce soit, mais lundi soir, j'ai commencé à avoir peur pour ma culture, pour ce que je suis.

Les Québécois disaient qu'ils voulaient du changement et c'est en un sympathique monsieur moustachu torontois qu'ils ont trouvé leur voie.

Malheureusement, en trouvant leur voie, les Québécois se sont amputés de leur voix. Croire que M. Layton et sa petite équipe d'étudiants universitaires qui ne se présentent pas à leur propre soirée électorale sauront défendre correctement les intérêts de la nation québécoise contre le puissant rouleau compresseur des conservateurs est absolument illusoire. Ils n'auront aucune chance, ils se feront bouffer tout rond.

Je vis à Hull, une ville historiquement fédéraliste, mais je ressens aujourd'hui une peine profonde, tout comme un grand nombre de Québécois, j'en suis certain. Un simple tour sur les médias sociaux nous témoigne de ce sentiment.

Le témoignage d'un blogueur, Max C., m'a particulièrement marqué: «Je ne sais pas si je prends ça trop à coeur, mais c'est la première fois qu'une élection me fait pleurer chaque fois que j'y pense. J'me sens trahi, j'me sens en danger, j'me sens dépourvu, j'ai honte. Je suis vraiment triste et fâché. Je n'en veux pas vraiment à tous ceux qui ont voté NPD, j'en veux à tout le reste du Canada qui a voté pour un gouvernement misogyne, religieux. Je n'ai plus envie de reconnaitre les instances qui relèvent du fédéral, que ce soit la justice, l'impôt, l'armée. Je ne me sens plus subordonné aux autorités pour lesquelles moi et mon peuple n'avons pas voté.»

Les Québécois se sentent trahis d'avoir à vivre quatre ans sous la gouverne d'un gouvernement pour qui 80% d'entre eux n'ont pas voté. Donc, un gouvernement qui ne partage pas ses valeurs avec 80% des Québécois.

Cependant, ces résultats sont loin de ne signifier que du mauvais. En votant massivement à contre-courant, les Québécois ont laissé entendre au ROC qu'il avait une vision tout autre d'un parti politique qui les représenterait adéquatement. Les deux solitudes se sont, cette fois-ci, matérialisées sous la forme de la gauche et de la droite. Les Québécois sont passionnés et ne se font pas prier pour changer les choses lorsqu'ils en ont ras le bol.

Cependant, ce changement, cette fois-ci, ils l'ont fait en promettant de s'asseoir et de se la fermer à Ottawa.

Vous voulez voter fédéraliste pour enrichir l'unité nationale? Il va d'abord falloir saisir que les deux solitudes sont là et elles sont plus différentes que jamais.

Je suis fier d'être Québécois, vous êtes fiers d'être Québécois. Mes amis, le temps est venu de se tenir debout.