À l'occasion, nous entendons parler des histoires de prières au conseil municipal de Saguenay ou, si oui ou non, nous devons garder le crucifix à l'Assemblée nationale. Ou encore, nous avons des périodes d'intenses débats au sujet des accommodements raisonnables. En ce début mai, je prévois qu'on entendra parler un peu plus que de raison de l'Église catholique, car le pape Jean-Paul II, à qui on aura déniché un ou deux miracles, a été béatifié le 1er mai. Mais, de manière générale, on entend assez peu parler de religion au Québec. C'est un excellent signe de santé sociale!

À l'occasion, nous entendons parler des histoires de prières au conseil municipal de Saguenay ou, si oui ou non, nous devons garder le crucifix à l'Assemblée nationale. Ou encore, nous avons des périodes d'intenses débats au sujet des accommodements raisonnables. En ce début mai, je prévois qu'on entendra parler un peu plus que de raison de l'Église catholique, car le pape Jean-Paul II, à qui on aura déniché un ou deux miracles, a été béatifié le 1er mai. Mais, de manière générale, on entend assez peu parler de religion au Québec. C'est un excellent signe de santé sociale!

Car toutes les religions sont irrationnelles. Les plus grandes et connues se basent sur des livres écrits par des gens ordinaires, il y a des milliers d'années, qui ont été traduits de nombreuses fois et sont interprétés de multiples manières et qui mènent à des discours et des visions du monde absurdes, sans fondement, obscurcies par cette obsession avec la mort.

Comme nous devons trouver un modèle de développement durable et que pour cela il faut réfléchir, être pragmatiques, rationnels, sensés et unis et que les religions sont à peu près tout le contraire de ce qu'il nous faut, voilà en condensé pourquoi l'État doit être et demeurer laïque. Aussi, comme tous ont le droit de croire ou ne pas croire ce qu'ils veulent, l'État ne doit pas prendre position pour un groupe de croyants par rapport à un autre. L'État doit donc être laïque pour demeurer rationnel et prendre des décisions basées sur la réalité, et être laïque pour respecter les croyances religieuses variées et les non-croyances de tous ses citoyens.

Au Québec, nous avons la chance d'avoir repris le pouvoir sur l'Église catholique. Celle-ci n'a non seulement plus son mot à dire dans les décisions politiques, elle n'a plus beaucoup d'influence dans la vie de la majorité des Québécois. Nous avons repris notre liberté de conscience et avons presque entièrement remis la religion catholique à sa place, soit celle d'une religion parmi d'autres. Soyons très fiers de cet accomplissement ! Mais le travail n'est pas terminé. Il faut encore affirmer la laïcité de l'État québécois et demeurer vigilants face à de possibles rechutes religieuses.

Car certaines personnes auront toujours cette tendance à penser que leurs croyances religieuses sont à ce point bonnes et universelles qu'elles doivent être partagées. En imposant s'il le faut des pratiques rituelles comme la prière avant un conseil municipal. Sans dire aux gens quoi croire ou ne pas croire dans leur vie privée, nous pouvons et devons sortir le religieux du secteur public. La prière catholique avant un conseil municipal n'a tout simplement pas sa place, tout comme des chants grégoriens ou des incantations raëliennes n'auraient pas leur place avant une ouverture de session parlementaire.

Il faut également faire attention à ceux que nous élisons. Tous ont le droit de croire ce qu'ils veulent, en privé et en public, mais leurs croyances ne doivent en aucun cas influencer la direction que prennent les institutions publiques.

Aux États-Unis, où l'État et le religieux sont supposément séparés, la religion est partout, tout le temps, dans les discours et actions de nombreux politiciens qui se targuent d'être en quelque sorte moralement supérieur parce que croyants, mais qui sont totalement déconnectés de la réalité et poussent des politiques rétrogrades, insensées et hors de tout consensus scientifique. Leur travail n'a rien de séculier. Surtout, n'empruntons jamais cette direction.

Conclusion: au Québec nous sommes très chanceux d'avoir réussi à faire un si bon ménage entre affaires publiques et religion, mais il faut continuer à faire attention et progresser dans la direction d'un État laïque, où tous ont leur place, et qui travaille pour tous.