Contrairement à des millions de gens partout dans le monde, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'assassinat d'Oussama Ben Laden, je n'ai pas eu le coeur aux réjouissances.

Contrairement à des millions de gens partout dans le monde, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'assassinat d'Oussama Ben Laden, je n'ai pas eu le coeur aux réjouissances.

Je serais le premier à me réjouir à l'annonce de la mort du terrorisme, mais il faudrait être très naïf pour croire que c'est cela qui vient de se produire.

Nous avons plutôt été témoins de la victoire de la vengeance et du culte de la haine. La mort de ben Laden ne ramènera malheureusement pas à la vie les victimes innocentes qui ont péri dans des circonstances terribles lors des attentats du 11 septembre 2001, ni ne mettra fin au terrorisme.

Ce qui me trouble particulièrement par rapport à la réaction face à cette nouvelle, c'est l'aveuglement général dont nous sommes tous atteints et l'hypocrisie de notre vision unilatérale du bien et du mal.

Nous considérons acceptable que le méchant ben Laden ait été condamné à mort pour avoir tué 3000 Américains, ces mêmes «bons» Américains qui, par la suite, en 2003, ont envahi l'Irak et provoqué une guerre injustifiée qui jusqu'à maintenant a causé la mort de plus 100 000 civils irakiens innocents (dont au moins 11 516 causé par l'action directe des forces de la coalition), sans avoir à rendre compte de leurs actes.

J'ai donc de la difficulté à adhérer à ce discours populaire selon lequel la mort de ben Laden est le triomphe du bien sur le mal. Tout ce que je vois, c'est le mal qui continue sans cesse de se perpétuer. Une lutte contre le terrorisme qui fera probablement plus d'innocentes victimes qu'en feront eux-mêmes les terroristes est tout à fait absurde.

Mettons enfin de côté cette vengeance qui nous anime et cherchons à nous sortir de ce cercle vicieux de violence dans lequel nous sommes empêtrés.

Le terrorisme ne pourra pas cesser d'exister tant que nous ne nous y attaquerons pas de façon intelligente, c'est-à-dire en cherchant à comprendre les fondements et les causes de la haine qu'entretiennent certains extrémistes envers l'Occident et non en leur donnant de plus en plus de raisons de nous haïr.