Montréal est en crise. Le ministre Robert Dutil déclarait lors de l'annonce de l'unité permanente de lutte contre la corruption (UPAC) : « Nous ne pouvons tolérer l'affaiblissement d'une institution comme la Ville de Montréal ». Il est pertinent de se rappeler que ce l'élément déclencheur de l'intervention de l'UPAC a été l'octroi de contrats en matière de sécurité privée.

Montréal est en crise. Le ministre Robert Dutil déclarait lors de l'annonce de l'unité permanente de lutte contre la corruption (UPAC) : « Nous ne pouvons tolérer l'affaiblissement d'une institution comme la Ville de Montréal ». Il est pertinent de se rappeler que ce l'élément déclencheur de l'intervention de l'UPAC a été l'octroi de contrats en matière de sécurité privée.

Le secteur de la sécurité privée emploie 120 000 personnes au Canada dont 90 % sont actifs dans le gardiennage et 10 % dans le secteur des enquêtes. C'est au Québec que l'on retrouve le plus de gardiens privés par 100 000 habitants.

Le dossier de la sécurité privée a été le catalyseur des crises qui ont secoué l'administration Tremblay depuis novembre 2009.

Il y a d'abord eu la saga de BCIA. Cette firme dirigée par Luigi Coretti a surveillé trois édifices utilisés par le SPVM, sans contrat voté par le conseil de ville, alors que les liens de son principal dirigeant avec l'ex-chef de police Yvan Delorme demeurent obscurs, nébuleux et éthiquement douteux.

Vient ensuite la cybersurveillance de l'ex-contrôleur Pierre Reid et de toute son équipe, conseiller en sécurité informatique de la Ville, qui ont eu accès aux courriels des élus ainsi qu'à ceux du vérificateur général, avec le plus grand mépris de la confidentialité des titulaires de charge publique.

Finalement, on apprenait le 14 avril dernier que la Ville de Montréal a retenu les services d'une firme d'enquête privée qui avait pour mandat d'enquêter sur Luigi Coretti, patron de BCIA, ce qui fait que Yvan Delorme a été l'objet d'une surveillance fortuite et indirecte.

La conjonction de ces trois événements va amener l'opposition officielle au conseil de ville à déposer une motion à la Commission de la sécurité publique de l'agglomération afin qu'elle recueille toutes les informations permettant de répondre aux questions suivantes.

1. Au moment où l'administration Tremblay a renouvelé le contrat de l'ex-directeur de police du SPVM, Yvan Delorme, quels étaient les renseignements en sa possession quant aux liens qui existaient entre ce dernier et Luigi Coretti ?

2. Est-ce que d'autres corps de police comme la Sûreté du Québec ou la GRC ont obtenu des mandats d'écoute électronique concernant l'un ou l'autre membre de l'état-major du SPVM sous la direction de M. Delorme ? Les rumeurs à cet effet sont trop persistantes pour ne pas aller examiner cette question.

3. Y a-t-il eu du démarchage de la part de cadres du SPVM de 2005 à 2009 en faveur de firmes de sécurité privées ? Auquel cas nous serions dans un cas flagrant de manquement à la déontologie policière.

4. S'il appert que la Ville de Montréal a dépensé quelque 200 000  $ pour des opérations de filature, d'investigation et de surveillance physique, il nous importe de savoir si des élus, des officiers publics, des dirigeants syndicaux, des journalistes, qui ont tous comme dénominateur commun un devoir de « surveillance et de contrôle » de l'administration municipale, n'ont pas fait l'objet de quelque espionnage que ce soit.

La crise qui secoue l'hôtel de ville de Montréal a été enfantée par un recours mal contrôlé à la sécurité privée d'une part, et à un zèle bureaucratique, qui a atteint sa maturité par de solides violations des communications appartenant à des détenteurs de mandat public.

Pour remédier à la première lacune identifiée, l'opposition officielle envisage très sérieusement de proposer la création d'une unité de sécurité composée d'employés de la ville.

Quant à la deuxième lacune, elle renvoie inexorablement à l'absence de leadership du maire de Montréal, il lui appartient en propre de faire un examen de conscience quant à sa capacité de diriger Montréal dans les deux prochaines années.