Lors des élections fédérales de 2008, les libéraux ont connu bien peu de succès dans les quatre provinces de l'Ouest, en remportant seulement sept sièges sur 92 (cinq en Colombie-Britannique, un en Saskatchewan, un au Manitoba et aucun en Alberta). Cependant, les difficultés du Parti libéral dans l'Ouest sont loin d'être récentes, ce qui augure mal pour les troupes de Michael Ignatieff dans cette région.

Lors des élections fédérales de 2008, les libéraux ont connu bien peu de succès dans les quatre provinces de l'Ouest, en remportant seulement sept sièges sur 92 (cinq en Colombie-Britannique, un en Saskatchewan, un au Manitoba et aucun en Alberta). Cependant, les difficultés du Parti libéral dans l'Ouest sont loin d'être récentes, ce qui augure mal pour les troupes de Michael Ignatieff dans cette région.

Premièrement, les déboires électoraux du PLC dans l'Ouest ne remontent pas à l'époque Trudeau, comme on l'affirme parfois, mais aux années Diefenbaker. Aux élections de 1958, le Parti progressiste-conservateur de M. Diefenbaker a remporté 65 des 70 sièges dans l'Ouest, alors que les libéraux ont été rayés de la carte, du Manitoba à la Colombie-Britannique.

Dans les années 60, les libéraux ont adopté une stratégie électorale qui les a poussés à concentrer leurs efforts en Ontario et au Québec, deux provinces où leur parti était selon eux dans une meilleure position de l'emporter. D'après le politologue David Smith (The Regional Decline of a National Party, 1981), le parti s'est doté d'une direction politique centralisée et «Ontario-centrique», ce qui a considérablement nui à la reconstruction du PLC dans l'Ouest.

Deuxièmement, comme me le rappelle John Courtney, de l'Université de la Saskatchewan, les aléas de la vie politique dans les quatre provinces de l'Ouest ont également été défavorables aux libéraux provinciaux, ce qui a affecté négativement leurs confrères fédéraux.

Au Manitoba, depuis les années 60, le système politique est dominé exclusivement par les conservateurs et les néo-démocrates, qui sont d'ailleurs au pouvoir dans cette province depuis 1999. Dans ce contexte, le PLC n'est plus qu'un tiers parti.

En Saskatchewan, la situation est presque aussi désespérée pour les libéraux provinciaux, car la lutte pour le pouvoir dans cette province se fait depuis des années entre le NPD et le Parti de la Saskatchewan de Brad Wall, au pouvoir depuis 2007.

En Alberta, gouvernée par le Crédit social entre 1935 et 1971 et par les conservateurs depuis cette date, le Parti libéral provincial est un éternel parti de l'opposition. Plus à l'Ouest, en Colombie-Britannique, les années 50 et 60 ont été dominées par le Crédit social. Durant le deux décennies suivantes, le Crédit social et le NPD ont gouverné la province à tour de rôle. Quant aux libéraux provinciaux, qui ont graduellement gagné du terrain à la suite du déclin rapide du Crédit social au début des années 90, ils sont au pouvoir depuis 2001 mais, sous Gordon Campbell, le parti a gouverné à droite, ce qui l'a rapproché davantage du Parti conservateur que du PLC sur le plan idéologique.   

Finalement, au cours des quatre dernières décennies, certaines politiques adoptées par les divers gouvernements libéraux à Ottawa ont généré beaucoup d'opposition dans les provinces de l'Ouest. Du bilinguisme officiel et du programme énergétique national de Pierre Trudeau en passant par le registre des armes à feu et, plus récemment, les avantages spéciaux consentis à Terre-Neuve et à la Nouvelle-Écosse par le gouvernement Martin dans le dossier de la péréquation, longue est la liste des politiques libérales généralement décriées dans l'Ouest.

À cette liste s'ajoutent des propositions environnementales qui semblent directement menacer les intérêts économiques de l'Alberta et de la Saskatchewan.

Enfin, les habitants des régions rurales, qui sont surreprésentés dans une province comme la Saskatchewan, rejettent souvent les politiques libérales pour des raisons religieuses, par exemple en ce qui concerne l'avortement.

Compte tenu de toutes ces remarques et de la popularité durable de Stephen Harper dans «sa» région, il serait étonnant que le PLC fasse des gains majeurs dans l'Ouest le 2 mai.