Dans sa chronique, Lysiane Gagnon («La mauvaise idée de François Legault») tire à boulets rouges sur certaines idées lancées la semaine dernière par la Coalition pour l'avenir du Québec. Mme Gagnon rejette entre autres la notion de performance, appliquée au système d'éducation, et l'idée que de meilleurs salaires pourraient contribuer à revaloriser la profession d'enseignant.

Dans sa chronique, Lysiane Gagnon («La mauvaise idée de François Legault») tire à boulets rouges sur certaines idées lancées la semaine dernière par la Coalition pour l'avenir du Québec. Mme Gagnon rejette entre autres la notion de performance, appliquée au système d'éducation, et l'idée que de meilleurs salaires pourraient contribuer à revaloriser la profession d'enseignant.

Mme Gagnon a droit à son opinion, à plus forte raison considérant que l'objectif de la coalition est de brasser des idées nouvelles où toutes les perspectives - même critiques - sont les bienvenues. Cela dit, pour que ces discussions soient utiles, il importe de ne pas travestir les faits.

Ainsi, Mme Gagnon dénonce-t-elle certaines propositions que nous ne faisons pas.

Selon Mme Gagnon, la coalition suggère que les enseignants perdent leur sécurité d'emploi en échange d'une importante hausse de salaire. Or il n'en est rien. La convention collective des enseignants prévoit déjà les cas où un enseignant peut être remercié de ses fonctions, mais de l'avis même de Réjean Parent, le président de la CSQ, les moyens actuellement à la disposition des écoles pour superviser les enseignants sont peu utilisés et inefficaces. Nous proposons de les améliorer, pour le plus grand bénéfice des élèves. Contrairement à ce que suggère Mme Gagnon, notre objectif n'est pas de précariser la profession au point de donner aux enseignants des conditions de travail assimilables à celles des pigistes.

Mme Gagnon semble en outre confondre nos propositions sur l'évaluation des enseignants et celles concernant la stabilité des affectations. Or ces deux idées n'ont rien à voir l'une avec l'autre.

Pour garantir une plus grande stabilité du personnel enseignant auprès des clientèles vulnérables, nous proposons que l'affectation aux établissements soit liée à des contrats de trois à cinq ans. Avec les mécanismes actuels, les écoles les plus défavorisées sont souvent les moins bien servies, aux prises avec un important roulement de personnel qui nuit aux élèves qui auraient grand besoin d'encadrement et de relations durables avec des figures d'autorité. Les contrats de trois à cinq ans que nous proposons ne serviraient qu'à une affectation plus stable des ressources, et n'ont absolument rien à voir avec la sécurité d'emploi. Nous proposons par ailleurs de moduler le salaire des enseignants selon le profil socioéconomique des écoles, de manière à attirer dans les écoles plus difficiles des enseignants chevronnés et motivés.

Mme Gagnon suggère également qu'en incorporant les résultats des élèves dans l'évaluation des enseignants, nous inciterions les enseignants à ajuster les notes de leurs élèves pour fausser leurs évaluations.  Or nos propositions précisent que tous les élèves passeraient des examens nationaux chaque année, et que ces examens seraient corrigés de façon indépendante, de manière à assurer la neutralité des résultats obtenus.

Finalement, Mme Gagnon laisse entendre que les directeurs d'école n'ont pas le jugement nécessaire pour tenir compte du milieu socioéconomique et du potentiel des élèves lorsque viendra le temps d'évaluer les élèves. J'ignore la source d'un tel préjugé.

Pour ma part, je crois qu'il est temps de faire confiance aux enseignants et aux directeurs d'école pour redresser notre réseau d'éducation et réduire notre taux de décrochage qui stagne depuis 20 ans. C'est notamment via cette confiance et cette autonomie que nous redonnerons aux enseignants la fierté qu'ils méritent et qui sied à leur rôle, le plus important de notre société.

* L'auteur préside avec Charles Sirois la Coalition pour l'avenir du Québec.

La réponse de Lysiane Gagnon: Le même constat

Tous les journaux ont fait la même interprétation du texte de la coalition et conclu qu'elle remettait la sécurité d'emploi en question. Ce texte stipule qu'«un enseignant n'atteignant pas le niveau de performance souhaité (...) perdrait son poste», et qu'il faudrait «de nouvelles conventions collectives et une redéfinition de la sécurité d'emploi».

En ce qui concerne les contrats de trois à cinq ans, M. Legault apporte ici des précisions qui n'apparaissent nullement dans le texte de la coalition.

La coalition écrit que l'évaluation serait basée sur des «évaluations annuelles standardisées». Il aurait été plus clair de parler, comme M. Legault le fait ici, «d'examens nationaux».

Enfin, je n'ai jamais prétendu que les directeurs d'école «n'ont pas le jugement nécessaire pour tenir compte du milieu socio-économique et du potentiel des élèves». J'ai dit que l'évaluation basée sur les résultats des élèves est injuste, car il y a partout (pas seulement dans les milieux défavorisés) des classes à faible rendement.