Le Bloc québécois n'est pas un parti comme les autres. En ne présentant aucun candidat à l'extérieur du Québec, il n'a jamais à se préoccuper des besoins des Canadiens du reste du pays. Il n'aspire pas non plus à former le gouvernement. Il n'aura donc jamais de budget à défendre ni de responsabilités à assumer.

Le Bloc québécois n'est pas un parti comme les autres. En ne présentant aucun candidat à l'extérieur du Québec, il n'a jamais à se préoccuper des besoins des Canadiens du reste du pays. Il n'aspire pas non plus à former le gouvernement. Il n'aura donc jamais de budget à défendre ni de responsabilités à assumer.

Pourtant, le Bloc accompagne sa plateforme électorale d'un cadre financier chiffré. Comme s'il allait défendre un budget à la Chambre des communes! Et à quoi ressemblerait ce budget du Bloc qui ne verra jamais le jour? En gros, il consisterait en un amalgame des mesures proposées par le Parti libéral et le NPD afin d'augmenter les revenus du gouvernement fédéral, mais contrairement au budget éventuel de l'un ou l'autre de ces deux partis, ces revenus additionnels ne seraient dépensés qu'au Québec. Le Bloc est social-démocrate, mais sa social-démocratie s'arrête aux frontières du Québec et se finance ailleurs qu'au Québec, dans une province en particulier.

En page 110 de sa plateforme électorale, le Bloc écrit en effet: «Le plafonnement de la péréquation permet au gouvernement fédéral de détourner les revenus provenant de la richesse albertaine pour ses propres priorités au lieu de permettre au Québec et aux provinces d'offrir des services à la population.»

Le Bloc se donne donc pour mission de transférer directement au gouvernement du Québec les revenus provenant de la richesse albertaine. Mais comment faire lorsque l'autorité fiscale du Québec s'arrête aux frontières de l'Outaouais? Le Bloc, heureusement, a trouvé la solution. En page 108 de sa plateforme, il écrit: «Le Bloc québécois demandera, lors de toutes les occasions qui s'offrent à lui, le rapatriement de points d'impôt vers le gouvernement du Québec.»      

Faisons les calculs. Supposons que le gouvernement fédéral eut acquiescé à la demande du Bloc dès l'exercice financier 1999-2000 et qu'il eut alors accepté de transférer au Québec les points d'impôt correspondant aux quelque 6,1 milliards de dollars de transferts en espèces qu'il lui a versés cette même année. Un simple calcul montre que ces 6,1 milliards en 1999-2000 se seraient transformés en 8,7 milliards en 2009-2010, grâce à la croissance de l'économie du Québec. Ça paraît beaucoup, 8,7 milliards? C'est pourtant 6,5 milliards de moins que les 15,2 milliards que le Québec a dans les faits reçus du gouvernement fédéral en 2009-2010. L'adoption de l'approche du Bloc en 1999-2000 aurait donc privé le Québec de 6,5 milliards de dollars en 2009-2010.   

D'où sont venus ces 6,5 milliards? Sans surprise, ils sont venus surtout de l'Alberta dont la croissance économique a permis de gonfler les revenus fiscaux du gouvernement fédéral. Loin de s'accaparer la richesse albertaine, comme le Bloc le prétend, le gouvernement fédéral en a plutôt transféré une partie aux autres provinces, dont le Québec. Voilà très exactement comment fonctionne une fédération qui partage la richesse entre les régions plutôt qu'elle ne la concentre dans une seule. Cela implique en même temps que le Québec n'a surtout pas besoin du rôle revendicateur du Bloc pour profiter de la richesse de l'ensemble du pays. Il n'a pour cela qu'à participer à l'ensemble pour profiter du budget commun à l'ensemble.  

Avec ou sans le Bloc, les Québécois bénéficient donc déjà grandement du partage du budget commun à l'ensemble des Canadiens. Avec le Bloc cependant, ils laissent aux autres Canadiens la responsabilité de définir les orientations et de gérer ce budget. Trois partis proposent aux Québécois de participer aux décisions. Aucun de ces partis ne s'appelle Bloc québécois. Aux Québécois de choisir.