Il y a un certain nombre de sujets dont nous n'avons que très peu entendu parler au cours de la présente campagne électorale. En voici quelques-uns, sur lesquels il serait bien que les candidats se prononcent.

Le prix de l'essence

J'aimerais qu'on me dise comment il se fait que les Canadiens paient si cher l'essence qu'ils consomment alors que le Canada est l'un des pays producteurs de cette forme d'énergie. À qui profite l'exploitation des sables bitumineux de l'Athabasca? Quelles en sont les retombées économiques pour l'ensemble du Canada? Quelles en sont les conséquences sur le plan environnemental? Les avantages découlant de l'exploitation de cette ressource l'emportent-ils sur les inconvénients?

Le bilinguisme des juges de la Cour suprême

Le projet de loi sur le bilinguisme des juges de la Cour suprême, qui prévoit l'obligation pour ces juges de comprendre les deux langues officielles sans l'aide d'un interprète, est toujours bloqué au Sénat. À quelle enseigne logent les candidats sur cette question? Ceux qui sont contre devront expliquer pourquoi le plus haut tribunal du pays devrait être exempté de poursuivre l'objectif de progression vers l'égalité des deux langues officielles dont parlent la loi fédérale sur les langues officielles et la Constitution du Canada.

L'orientation fondamentale du Canada sur la scène internationale

Depuis quelques années, nous voyons le Canada intervenir davantage dans des opérations militaires ici et là dans le monde, en compagnie de ses partenaires de l'OTAN. Son rôle n'est plus qu'humanitaire. Il est de plus en plus offensif. Il attaque, au nom bien sûr de l'État de droit, des droits et libertés et de certaines autres valeurs chères aux Occidentaux. Nos militaires ont troqué le casque bleu pour le casque vert. Qu'en pensent les candidats? Quelle part du budget de l'État croient-ils opportun de consacrer à la défense nationale?

La souveraineté canadienne dans l'Arctique

La souveraineté du Canada dans l'Arctique est contestée par des pays comme la Russie et les États-Unis, qui prétendent que les voies maritimes du Nord canadien sont des eaux internationales, plutôt que des eaux territoriales comme le soutient le Canada. Il faut dire que la diminution de la couche de glace dans l'Arctique fera possiblement en sorte que, d'ici une dizaine d'années, le passage du Nord-ouest deviendra accessible à la navigation pendant au moins un mois par année. Les conséquences politiques de pareil changement écologique sont telles que certains vont jusqu'à parler d'une éventuelle guerre froide en Arctique. Au-delà de l'actuelle Stratégie pour le nord, comment chaque parti compte-t-il s'y prendre pour s'assurer que le Canada occupe efficacement ce territoire convoité et s'y fasse respecter? Quelle est la stratégie à long terme de chaque parti en la matière?

La culture

Lors de l'élection de 2008, les compressions budgétaires en matière de culture avaient fait couler beaucoup d'encre. La plupart des Canadiens réagissent vivement lorsqu'un gouvernement tente de réduire son appui au secteur culturel. Quelle est la position de chaque parti en ce qui touche au financement, à la mise en valeur et à l'essor de la culture? Sont-ils prêts à subventionner les artistes? Et l'industrie culturelle? Sont-ils prêts à exclure la culture des pourparlers qui ont cours en ce moment entre le Canada et l'Union européenne en vue de conclure un traité de libre-échange?

Le rôle de l'État

Quel rôle devrait jouer l'État dans une société comme la nôtre? Devrait-il se faire plus interventionniste et accroître le nombre ou la portée des programmes sociaux, ou devrait-il au contraire se faire plus effacé au nom d'une gestion plus stricte des finances publiques? L'État devrait-il dépenser fortement, et ce, même en période de crise économique, ne serait-ce que pour stimuler l'économie? Est-il nécessaire qu'il sabre les programmes existants et les services aux citoyens, et qu'il poursuive avec la plus grande des dévotions les objectifs du déficit zéro et de l'équilibre budgétaire?  

L'environnement

Ce thème occupe une place secondaire dans la présente campagne électorale. Pourtant, comme électeurs, il est important que nous sachions ce qu'entend faire chaque parti politique pour lutter contre les changements climatiques, promouvoir l'efficacité énergétique, développer les nouvelles technologies de l'énergie, resserrer les normes environnementales, etc.

Les réformes parlementaires

Notre régime démocratique a besoin d'être redynamisé. Dans ce contexte, on pourrait s'attendre à ce que les chefs de partis discutent des réformes qu'ils entendent apporter à notre régime parlementaire (notamment en ce qui concerne la période de questions orales) et à notre système politique. Qu'ont à dire les partis et les candidats à ce sujet?

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Comme on peut le constater, la présente campagne électorale est bien loin d'avoir répondu jusqu'à maintenant à certaines des grandes questions de l'heure. D'ici au 2 mai, quelqu'un, quelque part, osera-t-il nous répondre sur ces sujets oubliés au passage?