Je m'inscris en faux contre beaucoup de ces prophètes de malheur («Liberté 70... ou 75!») qui nous disent qu'il faudra dorénavant travailler jusqu'à 70-75 ans.

Je m'inscris en faux contre beaucoup de ces prophètes de malheur («Liberté 70... ou 75!») qui nous disent qu'il faudra dorénavant travailler jusqu'à 70-75 ans.

Moi-même bénéficiant de la RRQ et de la pension de la sécurité de la vieillesse depuis août dernier, je prendrai ma «vraie» retraite en décembre prochain (je quitterai alors mon emploi).

Il est vrai que, selon les prévisions, les fonds actuels de la RRQ seront insuffisants. Mais il y a aussi beaucoup d'autres points à considérer. Ce n'est pas vrai qu'à 75-80 ans, nous aurons besoin des mêmes revenus que nous avions à 50-55 ans, pour la bonne raison que notre santé et nos préoccupations nous amèneront à choisir un autre train de vie.

D'abord, pour la plupart des baby-boomers, plus de loyers à payer, la maison est payée, ou si elle est vendue, elle a généré des revenus amplement suffisants pour occuper un beau 4 pièces et demie dans un édifice proche des services. La voiture? Qui ne peut pas avoir une voiture de 5-6-7 ans pour faire 12 000 km par an? Les petites dépenses ponctuelles (vêtements, outils, équipements)? Avons-nous besoin de suivre la mode, d'acheter les nombreux équipements inutiles vendus à la télévision, du téléviseur dernier cri, du iPad2, du dernier gadget électronique? C'est là que se situe le problème. Même les pages financières de La Presse nous font peur avec leurs prévisions de besoins budgétaires de 50 000$ - 60 000$ pour deux à la retraite.

Pour ma part, je pense qu'avec des revenus de 18 000$ par année (30 000$ pour un couple), on peut se payer du bon temps, des loisirs, visiter la famille, prendre des vacances, etc. À 75 ans, adieu le voyage au Machu Picchu, au Taj Mahal et même dans les grottes de Lascaux. C'est une minorité qui pourrait l'apprécier (arthrite, arthrose, arythmie, condition physique comme ci comme ça...)

Et je n'ai pas encore parlé des coûts exorbitants des soins médicaux; les sommes, mieux gérées, pourraient être récupérées par la RRQ et d'autres programmes. Est-ce que tous veulent vivre jusqu'à 100 ans dans des conditions déplorables? Bienvenue l'euthanasie bien encadrée.

Ayant déjà atteint l'âge de la retraite, j'ai dans mon entourage de nombreuses personnes qui sont à l'agonie prolongée dans des CHSLD ou pire encore, dans leur logement, seules et inquiètes de ce que leur réserve l'avenir. Les programmes de maintien à domicile ne règlent pas l'angoisse des personnes âgées et dépourvues.

Une meilleure gestion des fonds publics, une approche modérée des besoins à la retraite publicisée de façon positive, une conscience sociale des baby-boomers viendront à bout de ces épouvantails qui nous annoncent des hausses de cotisation inconsidérées pour continuer à adorer le dieu «consommation», ce qui nous mènera à la ruine.