Les événements de Fukushima sont d'abord une double catastrophe naturelle: un séisme de force 9 sur l'échelle de Richter, suivi par un tsunami exceptionnel : la vague déferlant sur la côte orientale du Japon atteignait, paraît-il, une hauteur de 17 m. Les destructions sont considérables et vont affecter durablement l'économie du Japon.

Les événements de Fukushima sont d'abord une double catastrophe naturelle: un séisme de force 9 sur l'échelle de Richter, suivi par un tsunami exceptionnel : la vague déferlant sur la côte orientale du Japon atteignait, paraît-il, une hauteur de 17 m. Les destructions sont considérables et vont affecter durablement l'économie du Japon.

Selon l'agence internationale de l'énergie, 10% (qui se répartit par moitié entre électronucléaire et centrales à flamme) de la capacité de production d'électricité du pays est hors service. La région sinistrée est constituée de riches territoires agricoles et de zones industrielles dont certaines sont situées en bordure de l'océan Pacifique. C'est en particulier le cas des centrales électronucléaires qui utilisent l'eau de mer pour leur refroidissement.

Dans l'exploitation d'un réacteur nucléaire, le refroidissement intervient deux fois: en cours de production pour évacuer la chaleur et faire tourner les turbines, après un arrêt et à un niveau environ 2000 fois inférieur pour éviter une élévation de température du combustible due à la radioactivité résiduelle. Sous l'effet du tsunami, cette seconde fonction est devenue inopérante dans la centrale Fukushima 1 (six réacteurs), la seule à avoir subi des dégâts hors norme. La détérioration massive des circuits a coupé toute alimentation électrique, entraînant la surchauffe des éléments combustibles présents dans les coeurs (réacteurs 1, 2 et 3) ou entreposés dans des piscines après arrêt et déchargement (réacteurs 3 et 4, ce dernier étant en maintenance). Les réacteurs 5 et 6, également à l'arrêt au moment du séisme, n'ont semble-t-il subi que des avaries mineures.

Les conséquences d'une telle panne électrique sont très graves: la température des éléments combustibles grimpe et peut les faire fondre. La pression de vapeur dans ces réacteurs à eau bouillante s'élève dangereusement au point qu'il a fallu procéder à des éjections de gaz dont des éléments radioactifs qui vont se disperser dans l'atmosphère et de l'hydrogène susceptible d'exploser au contact de l'oxygène de l'air. C'est ainsi que les superstructures de trois des réacteurs touchés ont été soufflées. On a des doutes sur l'étanchéité des enceintes de confinement. Les informations concernant les niveaux de radioactivité dans la centrale et son voisinage sont contradictoires.

À l'heure où j'écris ces lignes, il est difficile de prévoir l'évolution de la situation. Les interventions d'hélicoptères bombardiers d'eau, la restauration partielle de l'alimentation électrique, toutes opérations menées, vues de loin, avec professionnalisme, laissent penser qu'un scénario à la Tchernobyl sera évité, d'autant que les rejets de substances radioactives ont été limités en altitude et poussés par les vents vers le Pacifique.

Cet accident nucléaire, qui a plus focalisé l'attention des médias que les catastrophes naturelles qui l'ont provoqué, conduit à se poser beaucoup de questions. Une fois de plus, la démonstration est faite que toute chaîne a la résistance de son maillon le plus faible.

Dans le cas présent, c'est le système électrique de secours qui n'a pas tenu sous l'impact d'une vague dont l'amplitude a de beaucoup dépassé la valeur prise en compte dans les calculs des ingénieurs. On va assister dans tous les pays à un renforcement des contrôles et à un durcissement des normes. Ces actions seront-elles suffisantes pour restaurer la confiance envers cette filière énergétique, les ingénieurs et les industriels qui la mettent en oeuvre?

Si l'on se projette dans l'avenir, les besoins de l'humanité en énergie seront supérieurs à ceux d'aujourd'hui et, sauf d'accepter une réduction drastique, ne pourront être couverts que par la contribution de toutes les sources connues, y compris l'électronucléaire. On retrouve à propos de ce dernier la problématique du transport aérien: si les accidents sont inévitables, quelles sont la périodicité et la gravité jugées tolérables par l'opinion?