Presque chaque année, avant le dépôt du budget du Québec, la conférence des recteurs des universités (CREPUQ), réclame une augmentation des droits de scolarité ainsi qu'une plus grande participation financière du gouvernement. La raison invoquée: les universités québécoises souffrent de sous-financement.

Presque chaque année, avant le dépôt du budget du Québec, la conférence des recteurs des universités (CREPUQ), réclame une augmentation des droits de scolarité ainsi qu'une plus grande participation financière du gouvernement. La raison invoquée: les universités québécoises souffrent de sous-financement.

Cela est incontestable et il est vrai que les étudiants québécois bénéficient des frais les plus bas en Amérique du Nord. Cependant, si pour assurer la survie et la compétitivité de notre système universitaire nous devons chercher davantage d'argent dans les poches des étudiants et des contribuables, les universités du Québec devront elles aussi faire des efforts afin de freiner les abus dont elles se rendent toujours coupables aujourd'hui. Deux exemples me viennent à l'esprit: le scandale de l'Îlot Voyageur et le rachat par l'Université Concordia du condo du nouveau recteur Frederick Lowy.

Dans le premier cas, l'UQAM nous a jetés dans un gouffre financier de 300 millions de dollars que les contribuables du Québec, par le truchement de leur gouvernement, ont été obligés de combler pour éviter la banqueroute de cette université. Le plus frustrant dans cette affaire, c'est que les responsables de ce désastre ne seront pas poursuivis.

Dans le deuxième cas, c'est Frederick Lowy, l'actuel recteur de l'Université Concordia, qui est en cause. Par une mesure des plus révoltantes, cette institution a décidé d'acheter son condo et de lui verser une allocation logement de 3000$ par mois. Après de tels abus, on ne peut qu'exprimer notre indignation devant les demandes des recteurs du Québec de hausser la contribution du gouvernement et des étudiants.

Si les recteurs semblent débranchés de la réalité, il y a aussi des abus aux plus bas échelons, dans les départements qui composent les facultés. Pour justifier une hausse des droits de scolarité et des contributions gouvernementales, on nous dit qu'il faut que l'université québécoise soit plus performante, qu'il faut attirer les meilleurs chercheurs. Mais comment est-il possible d'attirer les meilleurs si dans plusieurs cas, les concours sont truqués? Il arrive trop souvent que les candidats des départements soient déjà choisis avant même que l'affichage des postes ne paraisse dans les médias. Ce sont les professeurs des départements qui choisissent les candidats et souvent, ce sont les amis des amis qui obtiennent les postes.  

Dans une université dont je tairai le nom, certains professeurs ont été engagés dans une faculté sans même avoir un doctorat en main. D'autres encore, profitant d'une faille administrative, l'ont été sans passer par la voie du concours. Concernant les chargés de cours, la compétence et la spécialisation sont trop souvent des facteurs secondaires. Ce qui compte, ce sont les relations du postulant à l'intérieur même du département; il n'est pas rare qu'un chargé de cours qui ne connaît pas la matière soit préféré à un véritable spécialiste.

Est ce modèle-là que la CREPUQ souhaite maintenir? Un système universitaire qui dilapide l'argent des contribuables et qui ferme les yeux sur le copinage et le favoritisme dans ses propres facultés au détriment de la qualité de l'enseignement? Je suis favorable à une augmentation des droits de scolarité, mais cette augmentation doit s'accompagner d'une réforme complète du système universitaire.

Il est impératif de supprimer ce pouvoir que détiennent les départements de choisir les futurs professeurs et les chargés de cours. La sélection du personnel doit être remise entre les mains d'un comité indépendant, ce qui nous permettra d'éliminer une large partie des abus en cette matière et de choisir les meilleurs candidats au profit d'une meilleure qualité de l'enseignement. En outre, les universités devront montrer plus de transparence et accepter un encadrement plus serré en matière de gestion financière. Les universités du Québec veulent plus d'argent, elles devront en payer le prix. Donc, sans réforme, pas d'argent.