Notre fille Fanny nous a quittés il y a un an, le 7 mars 2010.

Notre fille Fanny nous a quittés il y a un an, le 7 mars 2010.

Elle était toute en beauté et en joie de vivre à l'été 2000 lorsque, à l'âge de 12 ans, une tumeur saigna dans sa tête.

Le Dr Claude Mercier de l'hôpital Sainte-Justine l'a opéré. Il a réussi bien plus que ce que la science pouvait offrir, il a fait preuve d'empathie, il est devenu son protecteur, notre protecteur et un guide. Je rends hommage à tous ces médecins et infirmières (Fanny en a vu plusieurs dizaines, dans six hôpitaux, en 10 ans) qui ont su qu'un enfant n'aime pas la souffrance. Malheureusement, cette sale maladie égale souffrance. Tous ces maux de tête et de dos, deux craniotomies, les autres chirurgies, la radiothérapie, la chimio, les métastases, les intraveineuses qui prenaient des heures avant de réussir.

Et surtout, toute cette peine pour cette jeune adolescente qui, devenant femme, se voyait différente et si seule.

Ces mélanocytomes étaient atypiques et pouvaient s'emballer. Ils sont devenus mélanomes (tumeur maligne invasive). Il n'a pas fallu voir plus loin qu'un jour à la fois. En tant que parents, avec ses deux soeurs, nous avons entrepris de l'assister en tout temps, inconditionnellement. Sa mère est allée très loin dans l'art de se donner, elle n'a jamais hésité une seconde. Il était tout à fait normal de lui donner tout l'amour du monde. Il a fallu compenser chaque moment de souffrance par une dose d'amour. Fanny en a eu des moments tendres et intenses. Elle n'a rien gardé pour elle, elle nous a rendu chaque câlin et chaque sourire. Comment vivre aujourd'hui sans elle?

Les ados sont des boules d'émotions. À la terrible annonce de la maladie, leurs rêves s'écroulent et l'émotivité est extrême pour eux et leurs proches. Fanny nous a laissé des échanges et des textes profonds et majestueux sur ses combats, la solitude, sur l'amour et sa vie de souffrance morale et physique. Ses goûts musicaux, toujours choisis et si représentatifs d'elle, sont devenus des sujets de rassemblement entre nous. Elle nous a marqués par son extrême sensibilité, la vérité de ses propos et la cruauté de son destin. Comment comprendre qu'un enfant puisse offrir tant en héritage à ses parents? Cela devrait être le contraire.

Notre message s'adresse à tous ceux qui côtoient un ado ou un jeune adulte atteint d'une maladie grave. La maladie les frappe à un moment de leur vie où tout est amplifié émotivement. Les câlins, l'écoute, la présence et la complicité font parties du remède.

Notre Fanny n'est plus, nous ne pourrons jamais guérir notre peine. Il faut apprendre à vivre avec ce trou dans notre coeur, qui ne se refermera jamais. Son absence est aussi présente aujourd'hui qu'hier. Notre complice nous manque, mais son souvenir est éternel. Trouverons-nous un sens au malheur?