Incendies n'a pas gagné d'Oscar. Au cours des derniers jours, je m'étais croisé les doigts et rongé les ongles. J'aime bien Denis Villeneuve et cela m'aurait fait grand plaisir qu'il gagne même si la compétition était féroce, surtout avec le magnifique Biutiful d'Alejandro Gonzalez Inarritu mettant en vedette l'incomparable Javier Bardem. Peu importe, le film de Denis Villeneuve est solide et mérite pleinement sa place parmi l'establishment du cinéma international.

Incendies n'a pas gagné d'Oscar. Au cours des derniers jours, je m'étais croisé les doigts et rongé les ongles. J'aime bien Denis Villeneuve et cela m'aurait fait grand plaisir qu'il gagne même si la compétition était féroce, surtout avec le magnifique Biutiful d'Alejandro Gonzalez Inarritu mettant en vedette l'incomparable Javier Bardem. Peu importe, le film de Denis Villeneuve est solide et mérite pleinement sa place parmi l'establishment du cinéma international.

Notre cinéma nous représente dans ce qu'il y a de plus profondément ancré en nous: le désir de nous dire tel que nous sommes, humblement, avec tous nos défauts et toutes nos qualités. En regardant Incendies, je me suis senti dépaysé et transporté dans des contrées éloignées où j'ai vécu à travers des personnages souvent exotiques une histoire qui, à prime abord, ne semblerait pas venir de chez nous. Pourtant, j'étais fier et ému de voir que ce film me parlait et me ressemblait autant. Que l'humanité transposée par la vision de ce cinéaste québécois soit aussi universelle et transparente. Que le film nous représente autant.

On m'a posé la question: qu'est ce que cela représente pour le Québec, à ton avis, la participation d'un film tel qu'Incendies à la remise des Oscars? Comme Les Invasions barbares de Denys Arcand, qui a remporté en 2004 la statuette dorée, Incendies attire les projecteurs du monde sur notre industrie, sur le cinéma québécois et le cinéma canadien.  

À l'heure ou l'on se bat pour mettre en évidence les bienfaits culturels et économiques qu'apportent les productions cinématographiques dans l'ensemble du pays (chaque dollar investi rapporte pas loin de 10 fois sa valeur initiale); alors qu'on monte aux barricades pour tenter de convaincre nos gouvernements de protéger et de continuer à subventionner les arts, voici une oeuvre québécoise d'une profonde stature humaniste qui rayonne sur le plan international. À la lumière du succès de Denis Villeneuve, nos politiciens réviseront-ils leurs investissements et subventions de façon à soutenir nos créateurs de façon plus substantielle?

Nous nous devons d'être fiers du travail accompli par Luc Déry et Kim McGraw, les producteurs du film, d'avoir su mettre en oeuvre une excellente production comme celle-ci. Fiers de Wajdi Mouawad, l'auteur de la pièce de théâtre dont le film est inspiré, pour avoir su insuffler toute la contradiction de l'âme humaine dans un récit si touchant. Et fiers de Denis Villeneuve d'avoir su raconter, par sa grande sensibilité, son humilité et son talent indéniable, cette histoire bouleversante. C'est la preuve de l'incomparable talent qui nous habite. Le monde nous appartient.