Le groupe de travail de Dominique Payette a publié récemment un rapport étoffé, visant principalement à permettre aux médias et aux journalistes de poursuivre leur mission sociale d'informer, dans une industrie aux prises avec de profondes mutations technologiques et économiques. L'heure des choix a sonné.

Le groupe de travail de Dominique Payette a publié récemment un rapport étoffé, visant principalement à permettre aux médias et aux journalistes de poursuivre leur mission sociale d'informer, dans une industrie aux prises avec de profondes mutations technologiques et économiques. L'heure des choix a sonné.

Le Conseil de presse croit que le milieu journalistique, tout comme la société québécoise, doit s'engager activement dans un débat public autour de la qualité de l'information et de la pratique du journalisme.

Le rapport fait de la déontologie journalistique le pivot central du renouveau en information. Il propose essentiellement trois mesures: le renforcement du journalisme professionnel, par le biais de la création d'un titre protégé pour les journalistes, le renforcement du Conseil de presse du Québec et l'aide de l'État à la production d'une information de qualité.

La suggestion d'adopter une loi instituant le statut de journaliste professionnel nous apparaît très pertinente, bien que le mot de la fin revienne aux journalistes à ce chapitre. Tout en respectant la liberté de presse, cette action distinguerait clairement les journalistes des autres acteurs de la communication publique et faciliterait l'exercice de leur métier. Un titre professionnel permettrait en outre aux journalistes de revendiquer des droits qui leur sont trop souvent refusés par les tribunaux, telle que la protection des sources confidentielles.

Cette même loi devrait reconnaître l'existence du Conseil de presse et consacrer son double mandat, soit ceux de tribunal d'honneur et d'expert-conseil en matière de déontologie et d'éthique journalistiques. Pour aider le Conseil à remplir sa mission, le rapport Payette suggère d'augmenter substantiellement son financement public afin de l'affranchir des pressions financières et d'assurer la pérennité de l'institution.

Le Conseil est également disposé à assumer les responsabilités nouvelles que recommande le rapport, notamment l'harmonisation des principaux codes de déontologie journalistique et l'établissement de critères qui définissent aujourd'hui une véritable entreprise de presse, dans le nouvel environnement du web 2.0 et des médiaux sociaux.

Le Conseil appuie également le principe de l'aide publique aux entreprises de presse qui offriront de l'information de qualité. Les développements technologiques accélérés et les troubles économiques actuels viennent inévitablement affecter et transformer les pratiques journalistiques.

À ce chapitre, la réflexion doit se poursuivre et se raffiner pour mieux déterminer la nature et les modalités de cette aide de l'État, afin que celle-ci favorise le développement et la modernisation de l'offre d'information de qualité au Québec.

Nous partageons également l'idée de limiter ce soutien public aux seules entreprises de presse qui respectent la déontologie, qui engagent un nombre significatif de journalistes professionnels et qui adhèrent au Conseil de presse et à ses obligations déontologiques inhérentes.

Depuis sa fondation, le Conseil de presse fonctionne sur le mode de l'autorégulation tripartite. Les représentants du public, les journalistes et les entreprises de presse président à sa destinée, en élaborant son code de déontologie, et en jugeant des plaintes de la population. Ce principe fondamental est réaffirmé dans le rapport de Mme Payette, garantissant ainsi son entière et nécessaire indépendance à l'égard des pouvoirs publics.

Cela étant dit, la liberté de presse dont jouissent les journalistes et les médias doit en contrepartie s'accompagner d'une imputabilité à l'égard de la mission fondamentale dont ils sont investis. L'information n'est pas une marchandise comme les autres. C'est un bien public, en ce sens qu'elle permet aux citoyens de suivre les «affaires de la cité» et de porter un jugement éclairé sur les grands enjeux de société. Il nous apparaît donc absolument essentiel que tous les grands acteurs de l'industrie participent activement et pleinement au sein du seul tribunal d'honneur de la presse québécoise. Par conséquent, nous réitérons notre souhait de voir Quebecor Media regagner les rangs du Conseil.