Certains voient dans la construction d'un nouveau Colisée à Québec une dépense injustifiée en regard de l'endettement de l'État, et se demandent bien pourquoi, si ce n'est rentable pour le secteur privé, cela le serait pour l'État.  

Certains voient dans la construction d'un nouveau Colisée à Québec une dépense injustifiée en regard de l'endettement de l'État, et se demandent bien pourquoi, si ce n'est rentable pour le secteur privé, cela le serait pour l'État.  

Cette analyse est plutôt simpliste et ne prend pas en compte toute la dimension de la question. On confond à la fois rentabilité des activités qui s'y dérouleront, rentabilité de l'immeuble et rentabilité de l'investissement pour l'État.  

La rentabilité des activités concerne principalement celle d'une équipe de hockey de la Ligue nationale qui s'y installerait. Cette activité sera entièrement financée par le secteur privé, en l'occurrence par l'empire Quebecor. Pour Quebecor, l'activité hockey fait partie d'une composante beaucoup plus vaste qui est la diffusion des matchs de hockey essentielle à l'implantation d'un nouveau réseau sportif. Les activités du club de hockey au Colisée pourraient être déficitaires que cela n'empêcherait pas Pierre Karl Péladeau d'y investir, dans la mesure où les revenus provenant de ces différentes plateformes médiatiques génèrent des profits.  

Quant à la rentabilité de l'immeuble, celle-ci provient des revenus engendrés par la location du Colisée, principalement aux Nordiques, mais également à tous les promoteurs qui voudront y présenter des événements. Selon l'étude faite par la firme mandatée, abstraction faite des coûts d'entretien, les revenus de location permettraient de rentabiliser l'immeuble. En ajoutant les coûts de financement, nous nous retrouvons devant un gouffre financier d'environ 20 millions par année. On comprendra l'absence d'intérêt de la part de l'entreprise privée. D'où l'intérêt de faire financer le nouvel aréna par l'État.

Qu'en est-il de la rentabilité pour l'État? Le rendement des investissements publics ne se mesure pas à partir du rendement de l'immeuble, comme l'ont fait à tort plusieurs analystes. Le rendement pour l'État se calcule sur l'ensemble des sommes que lui retournera son investissement.

Les revenus de l'État ne proviennent pas de la rentabilité de l'activité (le hockey), ni de l'immeuble (le Colisée), mais bien des taxes perçues sur les sommes générées par ses activités. Que ces activités soient rentables ou non importe peu, l'État faisant son profit sur les taxes et les impôts qui en découlent.  

Annuellement, le Colisée, avec la centaine d'activités qui s'y dérouleront, devrait générer un chiffre d'affaires de près de 250 millions de dollars, l'équivalent en TVQ de 22 millions par année. Uniquement sur la masse salariale des joueurs des nouveaux Nordiques qui s'élèvera à près de 55 millions par année, l'État retirera en impôts près de 15 millions. Directement, les activités du Colisée vont permettre au gouvernement d'engranger plus de 37 millions par an, montant qui pourrait s'élever à plus de 50 millions avec les retombées directes et indirectes. Et ce, sans compter tous les taxes et impôts perçus sur les activités générées sur les différentes plateformes de diffusion (télévision, web, portables, etc.). Et le plus beau, tout ça sans aucun investissement réel, car le Colisée sera financé par un emprunt hypothécaire. Une fois le service de la dette retranché, c'est plus de 30 millions par an qui reviendra dans les coffres de l'État. Et encore mieux, avant même qu'un match de hockey ait été joué, Québec aura reçu près de 100 millions de dollars en impôts et taxes engendrés par la construction du Colisée.

En fait, la question ne porte pas sur la rentabilité d'un Colisée, ni totalement sur la viabilité de l'activité hockey, mais bien sur le retour d'une équipe de la LNH et la capacité de Quebecor à générer des revenus de ses différentes filiales médiatiques. Et ça, considérant le goût des Québécois pour le hockey, il est fort à parier que l'opération sera drôlement rentable. Oui, PKP y fera beaucoup d'argent, mais assurément pas autant que les gouvernements. Au final, le grand gagnant sera Ottawa qui, sans s'impliquer dans l'aventure, percevra plus de 20 millions par an.