Je n'en reviens tout simplement pas. C'est ma femme qui tout bonnement me dit dimanche dernier: «Hé, c'est le Super Bowl ce soir! Veux-tu que j'aille acheter des cochonneries?»

Je n'en reviens tout simplement pas. C'est ma femme qui tout bonnement me dit dimanche dernier: «Hé, c'est le Super Bowl ce soir! Veux-tu que j'aille acheter des cochonneries?»

Wow! Le Super Bowl et des cochonneries, acceptées en plus par la maîtresse de la maison, c'est le délire. Elle part pour l'épicerie, je m'élance au sous-sol afin de m'assurer que tout est à l'ordre. Quelques minutes plus tard, elle revient effectivement avec des ailes de poulet, de la pizza, des chips et des bouchées toutes aussi graisseuses les unes que les autres. Les vautours rôdent. «C'est-tu-vrai-que-maman-a-acheté-des-cochonneries?» demande la progéniture en manque de cholestérol.

Fait encore plus surprenant, ma fille et ma femme viennent nous rejoindre au sous-sol, mon fils et moi, afin d'assister au match. Encore sous l'étonnement, je m'empresse de soulever quelques questions de base à tous mes nouveaux aficionados de ce sport culte de la nation nord-américaine. «Qui sont les deux équipes en finale?» «Les deux meilleures, papa», répond ma fille. Hum... «Et combien de verges un terrain de football a-t-il?» «Soixante verges... environ», me répond mon fils de 15 ans. La honte! «Une petite facile afin de me prouver tout votre amour pour ce noble sport: en combien d'essais une équipe doit-elle parcourir les 10 verges nécessaires pour poursuivre son jeu?» Cette fois, c'est ma femme qui s'élance. Un peu d'hésitation, son visage se crispe, et elle s'exclame avec fierté: 14! Minou! La soirée va être longue...

Le match n'est même pas commencé, Christina Aguilera en est encore a massacrer l'hymne américain, que mes chroniqueuses de salon préférées y vont de leurs premiers commentaires: «As-tu vu, chéri, ils ont tous des pantalons jaunes, c'est beau hein? Ça leur fait des belles fesses ces petits leggings là.» Qu'est-ce que je suis supposé répondre? «Pourquoi ils bottent le ballon s'ils doivent courir avec ? Pourquoi ils sautent tous sur le ballon quand quelqu'un est déjà dessus?» Hou la la...

À chaque beau jeu, je m'élance hors du fauteuil en criant. La foule dans le sous-sol me dévisage. L'inquiétude semble davantage porter sur les dernières pointes de pizza que sur l'enjeu du match. La première demie écoule ses dernières secondes de jeu. Ma foule ne dit plus un mot, ne pose plus de questions, les iPhones et les cellulaires sont réapparus et Minou se sert de mon épaule comme un oreiller.

Mais vous savez quoi? Je les trouve beaux. Ils ne comprennent rien de ce qui se passe sur le grand écran, et pourtant leur présence me réjouit. Nous sommes en famille. N'est-ce pas là une bonne raison de manger des cochonneries sans culpabilité?

La première demie est terminée, le spectacle des Black Eyed Peas aussi et les ailes de poulet envolées. Étrange, je me retrouve seul dans les estrades! La famille a déserté. Je me retrouve seul calé dans mon fauteuil. Je me surprends même à crier seul. Malgré tout, j'ai passé une excellente soirée. Malgré toutes les fois où j'ai espéré me retrouver seul dans mon petit chez-moi, c'est encore avec ces néophytes du football que je préfère me retrouver. Vive la famille !

Tard dans la soirée, après le match, je me glisse sous les couvertures. Minou se retourne et me dit: «Qui a gagné?» Je lui dis «San Francisco». «Je le savais, dit-elle, juste à les voir se démener, je le savais qu'ils gagneraient...» Décidément... «Bonne nuit chérie, je t'aime.»