En allant assister à la conférence de La Presse «Nos journalistes sur le terrain en Haïti et en Afghanistan», j'étais loin de me douter de ce qui m'attendait. Croyant y apprendre les rudiments du journalisme international, j'y ai plutôt reçu une grande leçon d'humilité, en plus d'être imprégnée par la fougue contagieuse de ces professionnels de l'information, mais surtout de ces êtres de grande humanité.

En allant assister à la conférence de La Presse «Nos journalistes sur le terrain en Haïti et en Afghanistan», j'étais loin de me douter de ce qui m'attendait. Croyant y apprendre les rudiments du journalisme international, j'y ai plutôt reçu une grande leçon d'humilité, en plus d'être imprégnée par la fougue contagieuse de ces professionnels de l'information, mais surtout de ces êtres de grande humanité.

Alors que le travail des journalistes est souvent décrié, il importe de souligner le courage et l'extrême professionnalisme de ces reporters qui risquent leur vie pour nous relater le plus fidèlement possible des événements tragiques dont ils sont témoins. Le plus fidèlement, certes, mais comment garder une distance critique alors que l'on est passé à deux doigts de la mort? Ce fut le cas de la journaliste Chantal Guy et du photographe Ivanoh Demers, en reportage à Haïti lors du fatidique tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Sanglots dans la voix, Ivanoh - je me permets de l'appeler par son prénom, car il a livré ses propos avec tant d'intimités dans une salle comble où l'on aurait pu entendre une mouche voler - relate les minutes suivant la première secousse, la stupeur, la peur pour sa propre sécurité et la torpeur qu'il a ressenties et dont témoignent les quelque 10 000 clichés qu'il a pris de cette catastrophe sans commune mesure. Il nous a fait littéralement revivre avec lui ces moments de déroute, de désolation et de grande souffrance humaine.

Avec respect et une immense pudeur, Ivanoh a capté le moment. Non pas pour impressionner ou faire sensation, non pas en étant voyeur ou en visant la une... Sa seule préoccupation: saisir l'instant, pour faire connaître au monde entier l'atrocité du chaos duquel lui-même tentait d'émerger.

Le récit de Chantal Guy nous a bercés d'une brise d'espoir et de résilience, celle qu'elle a ressentie lorsqu'elle était, avec son carnet de notes, dans les décombres de l'hôtel, cet hôtel qu'elle avait préféré à un autre plus dispendieux, où presque tous les occupants ont péri. Mystérieux destin... Passé le choc initial, elle s'est attelée à la rédaction de l'un des premiers articles provenant de la capitale en ruine, relatant l'histoire d'Haïtiens croisés dans la rue, jonchée de débris et bondée de blessées. Cet écrit est parvenu avec difficulté à franchir électroniquement Port-au-Prince-Montréal, à peine quatre heures après l'événement...

Quant à Michèle Ouimet, comment décrire cette petite bombe atomique, source brute d'énergie et de passion pour son métier? Son cran en a fait frissonner plusieurs. Dans la plus grande simplicité, elle nous a transmis ses trucs de survie dans les zones les plus chaudes du globe: de l'argent, un fixer et des somnifères! En situation de crise, pour pouvoir se déplacer, pour avoir accès aux zones dangereuses, et assurer sa survie, beaucoup d'argent liquide est requis. Sans fixer, une personne du pays, connaissant bien la langue, la culture et ayant des contacts, impossible de faire long feu. Finalement, pour être en forme chaque matin, une bonne nuit de sommeil est essentielle ! Sans somnifères pour étouffer le bruit des bombardements, mission difficile.

Quand on lui demande comment réagit sa famille, Michèle répond candidement qu'elle se fait un devoir d'envoyer un courriel quotidien à sa fille, son chum et ses parents, pour qu'ils soient rassurés. Jamais de coup de fil, ça lui fout le cafard! Et quand elle revient? Il lui prend des envies de tricoter et de cuisiner une bonne soupe chaude!

Quelle soirée... Merci à La Presse, et à vous trois, pour nous avoir partagé tout ça, avec tant de générosité. Mais surtout, merci de la part du public, qui a la chance de vous avoir comme témoin privilégié.