Un sondage paru cette semaine m'a démontré la grande sagesse des électeurs de la région de Québec qui refusent d'embarquer dans les étiquettes «gauche» ou «droite», se réclamant en grande majorité du centre. Tous ceux qui suivent de près le cheminement des partis politiques et de la gouvernance publique savent que ces étiquettes sont des pièges à carcan idéologique.

Un sondage paru cette semaine m'a démontré la grande sagesse des électeurs de la région de Québec qui refusent d'embarquer dans les étiquettes «gauche» ou «droite», se réclamant en grande majorité du centre. Tous ceux qui suivent de près le cheminement des partis politiques et de la gouvernance publique savent que ces étiquettes sont des pièges à carcan idéologique.

Mais de quelle droite ou de quelle gauche s'agit-il quand on est dans un vrai poste de gouvernance, en dehors des chapelles de groupuscules de réflexion? Il y a une grande différence entre le discours et la pratique, entre une étiquette et la réalité lorsqu'un parti politique est au pouvoir. Tant à Ottawa qu'à Québec, nous sommes gouvernés par des partis se réclamant de l'étiquette de droite économique, fiscale et morale.

À Ottawa, les conservateurs sont en principe un parti qui tient un discours de droite économique fiscale ou morale, selon le cas. Pourtant, leurs politiques ont engendré les plus gros déficits de l'histoire du Canada, une pratique associée habituellement aux gouvernements dits de gauche. Plutôt que de couper dans leurs dépenses et la bureaucratie fédérale, n'ont-ils pas préféré faire un déficit de plus de 50 milliards l'an dernier? Que penser également des fonds publics gaspillés, en dilapidant plus de 1 milliard des fonds des contribuables lors du sommet du G20 à Toronto?

Par ailleurs, l'augmentation systématique des peines de prison, notamment pour les jeunes contrevenants, entraînera une dépense supplémentaire de plus de 2 milliards par année, avec en plus une production à la chaîne de criminels d'habitude qui coûteront en moyenne plus de 100 000$ par année aux contribuables. Est-ce cela un modèle de droite morale qui prétend bien gérer les fonds publics?

Quant aux subventions fédérales à coup de centaines de millions à l'industrie pétrolière qui exploite les sables bitumineux de l'Alberta, n'est-ce pas là un modèle de «BS de luxe» offert à des multinationales multimilliardaires qui déciment en plus l'environnement? Est-ce cela une politique de droite fiscale responsable?

Enfin, sur le plan démocratique, les conservateurs avaient promis l'abolition du Sénat, qui coûte chaque année plusieurs centaines de millions aux contribuables canadiens. Loin de tenir cette promesse, ils l'ont systématiquement «paqueté» de collecteurs de fonds qui ont pour mandat de bloquer les lois adoptées par la Chambre des communes légitimement élue par la population. Est-ce le modèle de droite qui inspire les citoyens de Québec? Dans le sondage, il est clair que les citoyens de Québec, qui ne sont pas dupes, n'endossent pas en général les politiques conservatrices de droite de gaspillage du gouvernement Harper.

À Québec, le Parti libéral, qu'aucun citoyen ne soupçonne d'être de gauche, a refusé de tenir une commission d'enquête dans le milieu de la construction ou certaines pratiques syndicales d'intimidation sont monnaie courante, comme ce fut le cas à l'époque de la commission Cliche dans les années 70. Que penser des liens incestueux entre certains syndicats et le crime organisé, comme l'ont démontré les multiples reportages traitant de cette question?  Le Parti libéral protègerait-il les intérêts de syndicats corrompus en refusant de tenir une enquête publique? Des intérêts de corporatistes de «droite» rejoindraient-ils les intérêts corporatistes de «gauche»?

Par ailleurs, est-il utile de démontrer comment un gouvernement de droite gaspille nos ressources naturelles en n'exigeant pratiquement aucune redevance sur les droits d'exploration miniers, notamment pour les gaz de schiste? Est-ce un comportement responsable de la part d'un gouvernement de droite soit prétendant bon gestionnaire économique et responsable du patrimoine public?

Enfin, au pouvoir depuis 2003, le gouvernement libéral de droite a à son actif, non seulement une augmentation nette de plusieurs milliers de fonctionnaires, mais aussi celle de l'augmentation vertigineuse de la dette publique de plusieurs dizaines de milliards de dollars, hypothéquant ainsi les générations futures, tout en continuant à augmenter les taxes. Est-ce cela un bon comportement économique et fiscal de droite, d'un gouvernement champion de la réingénierie de l'État?

La population de Québec sait faire la distinction entre un discours de droite et une pratique de gaspillage de fonds publics souvent associée à la gauche. Élus sous de fausse représentation d'un discours de droite économique efficace, nos gouvernements actuels élus, tant à Québec qu'à Ottawa, ont échoué dans leurs promesses de diminuer la bureaucratie, la dette publique et la taille de l'État.

Sur le plan moral, faut-il s'étonner que la droite ait si peu de crédibilité, puisque les solutions qu'elle propose entraînent encore plus de dépenses inutiles, et ce, seulement pour satisfaire une minorité bruyante qui se regroupe souvent dans un groupuscule de réflexion religieux ou ayant une attitude nombriliste et sectaire? Cette pratique groupusculaire dogmatique, ressemble à l'époque pas si lointaine des marxistes léninistes, qui eux, faut-il le préciser, se disaient de gauche en prétendant abolir le système capitaliste, alors qu'ils furent les instigateurs de la mise en place des structures de privilèges corporatistes au sein de l'appareil de l'État. Après avoir promis la révolution, plusieurs ont préféré ranger leur conviction pour le confort de la sécurité d'emploi de l'État.

Heureusement, la population de Québec refuse de se faire circonscrire dans un carré de sable idéologique étroit. Ce piège d'étiquette idéologique d'une droite contre la gauche ou l'inverse, qui prétend sauver le peuple, ne sert en fait que les intérêts d'une minorité de nouveaux prêtres («preachers»)  en mal de satisfaire leur frustration et leur ambition. Le Québec a déjà donné au niveau de la pensée magique et de l'intransigeance idéologique ou le «crois ou meurs était roi», et ce, dans le confort des chapelles de la pensée unique. La population de Québec, comme celle du Québec ne croit pas au chant des sirènes de la droite comme de la gauche. Le vrai défi des partis politiques sérieux demeure la saine gouvernance publique intègre et responsable, ce qui ne correspond à aucun discours dominant de droite ou de gauche idéologique.