C'est encore le temps des résolutions. De surcroît, plusieurs remaillent leur budget pour la nouvelle année. Pour les biens durables et petites gâteries, c'est une chose, pour l'alimentation, c'est autre chose. Même si les prix augmentent, les consommateurs n'ont d'autres choix que de se nourrir, alors la fluctuation des prix est d'une importance capitale pour plusieurs d'entre nous, surtout pour les plus démunis.

En 2010, le coût du panier d'épicerie s'est stabilisé quelque peu comparativement à 2008 et 2009 où les prix avaient augmenté de plus de 10% en moyenne. Les prix ont à peine augmenté de 3% cette année. Cette inflation alimentaire tempérée semble avoir invité plusieurs consommateurs à repenser leurs habitudes alimentaires; ils ont redécouvert les restaurants et les magasins spécialisés. Ces deux catégories ont vu leurs recettes augmenter en moyenne de 10% au Canada. Pour les dépanneurs, la situation était moins rose, ceux-ci enregistrant une diminution des ventes de plus de 4%. Peu à peu, le consommateur moyen semble vouloir faire des choix alimentaires plus judicieux et surtout, prendre le temps d'investir davantage dans son alimentation. En soi, c'est une bonne nouvelle.

Que nous réserve donc le panier d'épicerie pour l'année qui commence demain? Il faudra se résigner à une hausse - une hausse modérée cependant - des prix alimentaires au détail. Quelques facteurs prédominants nous interpellent.

Denrées agricoles, valeurs refuges

D'abord, le prix des intrants est en hausse depuis quelque temps. Le prix du maïs a augmenté de 29%, le soya de 22%, le jus d'orange de 17% et le sucre, d'un impressionnant 51%. Le boisseau de blé se négocie aussi à un niveau record depuis la crise de 2008. Les prix du café et du cacao atteignent également des records depuis quelque temps. En raison de l'incertitude qui prévaut sur les marchés mondiaux et de la faiblesse du dollar américain, les investisseurs sont à la recherche de valeurs sûres. Les denrées agricoles représentent de facto un investissement refuge. Les producteurs agricoles en profitent et s'enrichissent. Les consommateurs, quant à eux, devront débourser davantage pour du pain, des céréales, du café, du chocolat et des pâtes dans les mois à venir. Cela étant dit, puisque les distributeurs maîtrisent bien la capacité de payer du consommateur moyen, la hausse du prix de ces produits ne devrait pas dépasser l'inflation générale.

Du côté de la protéine, c'est une autre histoire. Le prix des viandes risque d'augmenter de façon significative. Plusieurs filières ont vécu une restructuration de l'offre en 2010. Puisque les temps sont difficiles depuis au moins cinq ans, bien des producteurs ont jeté l'éponge et quitté le monde agricole, notamment dans les domaines porcin et bovin. L'offre est donc moindre pour satisfaire une plus grande demande, forçant ainsi la hausse des prix. De plus, puisque le coût des intrants a augmenté et qu'il en coûtera plus cher à nourrir le bétail, plusieurs s'attendent à une augmentation du prix de la viande, qui dépassera vraisemblablement les 5% durant la prochaine année. Sans doute, le coût des produits laitiers suivra cette mouvance.

Irrémédiablement, en évaluant l'avenir des prix des aliments au détail, le facteur américain en est un de taille pour nous. Plusieurs estiment que la valeur du dollar canadien diminuera en 2011. Puisque l'économie américaine peine à se sortir de la récession, les investisseurs bouderont possiblement les marchés boursiers au profit du dollar américain. Notre pouvoir d'achat pour des produits américains risque de s'affaiblir. Puisque près de 60% des produits alimentaires que nous importons proviennent des États-Unis, l'ensemble de ces produits risque de nous coûter plus cher.

Tout compte fait, les prix alimentaires risquent d'augmenter en 2011, mais cette augmentation probable sera raisonnable. Les consommateurs pourront donc vivre cette année en dégustant de nouvelles saveurs provenant de leurs magasins alimentaires et restaurants favoris, ce sans se ruiner. Toutefois, une résolution s'impose. L'intérêt accru que porte le consommateur moyen ces dernières années à l'industrie alimentaire semble porter ses fruits. En 2011, le consommateur doit donc continuer à reconnaître son rôle de porteur du changement afin de perpétuer la révolution alimentaire que l'on vit depuis quelque temps.