La semaine dernière quelques personnes ayant des incapacités ont manifesté à l'hôtel de ville de Montréal pour que l'on accélère les travaux pour la mise en accessibilité du métro. Par contre, quelques réflexions s'imposent au préalable.

L'erreur n'a pas été celle de construire, en 1966, un métro inaccessible. L'époque n'était pas aux mouvements d'intégration des personnes ayant des incapacités. L'aberration est de s'entêter, en 2010, à garder une stratégie favorisant le transport adapté  et de ne voir l'accessibilité du réseau des transports en commun comme étant simplement un surplus. Depuis l'an 2000, l'offre de service en transport adapté a doublé (budget 89%, déplacement 94%). Pour les individus, c'est bien, mais collectivement y gagne-t-on vraiment? Tôt ou tard (surtout en ces années d'austérités budgétaires...), l'élastique cassera, nos sociétés de transport devront mettre le frein et sonner le glas face à la hausse vertigineuse des coûts du transport adapté.

Et, on a longtemps erré en ne suivant pas «le train» nord-américain (et même européen...) de l'accessibilité des réseaux de transports en commun. Certes, la STM à commencer, dès 1996, à acheter des autobus à plancher surbaissé pour pouvoir accueillir des personnes en fauteuil roulant. Mais tous savent que ces fameuses Nova bus ont longtemps été des canards boiteux et quiconque en fauteuil roulant s'y aventurait, risquaient de rester sur le trottoir face au non-déploiement de la rampe.

Des résultantes bien présentes

Nos sociétés de transports dépensent donc des sommes faramineuses en transport adapté. Peut-être que si on avait investi un tant soit peu pour rendre le métro accessible, nous ne connaîtrions pas une explosion des coûts du service de transport adapté. À tout le moins, la demande pourrait être contenue, c'est-à-dire que, certes, il y aurait augmentation de l'achalandage, mais celle-ci ne serait pas aussi vertigineuse que celle à laquelle on assiste présentement.  

Faire face à l'avenir

Oui, c'est décevant que l'ont ne prévoit de rendre accessibles seulement quatre nouvelles stations de métro d'ici l'an 2016.  Il faudrait que l'on investisse près de 1 milliard de dollars pour le faire ou à tout le moins que la Ville de Montréal respecte ses intentions émises dans son Plan de transport de 2008 alors que l'on planifiait de rendre accessibles trois stations par année.

Investir 1 milliard pour installer des ascenseurs est une somme colossale. Elle serait nécessaire, mais notre métro vieillit et nécessite d'importants investissements pour des travaux d'entretien d'ordre général. On investit actuellement 90 millions de dollars à la station Berri-UQAM pour sécuriser les structures, mettre à jour les équipements mécaniques et refaire une beauté à la station âgée de prés de 45 ans. Que priorise-t-on en terme de financement? La sécurité de l'ensemble des voyageurs ou l'accessibilité pour une minorité de personnes?

Et, ne cherchons pas plus d'argent des autres paliers de gouvernements. Ceux-ci prévoient des déficits écrits à l'encre rouge pour quelques années encore! Nous sommes déjà dans un encan où c'est à celui qui demandera le plus. Où devrons-nous sabrer pour y aller en vitesse grand V pour l'accessibilité du métro? En santé? En éducation?

Si l'on veut que le métro devienne plus accessible, il faut cesser de planifier pour plutôt décider. Installer 20 ascenseurs d'ici 15 ans serait un bon point de départ. Attelons-nous-y! Dès maintenant, désignons les stations, le calendrier et surtout sécurisons les budgets requis. Et, il y a de nouvelles sources de financement à explorer. Le ministre des Finances du Québec a, lors du dernier budget, annoncé une augmentation de la taxe sur l'essence qui sera dédiée au financement des transports en commun. On a octroyé à Montréal de nouveaux pouvoirs de taxation. On prévoit également associer des noms d'entreprises aux quatre lignes de métro. Il est donc impératif que l'on dédie un pourcentage (ne serait-ce que 5%...) de ces nouvelles sources de revenus afin de poursuivre les efforts pour rendre le métro plus accessible aux personnes en fauteuil roulant.

Un métro accessible à Montréal, oui c'est possible! Il suffit de s'y mettre sérieusement en modérant nos transports!