Samedi dernier, vous avez fait paraître dans huit journaux francophones du Québec une lettre adressée « aux médecins spécialistes et à toute la population du Québec », concernant la négociation entre la Fédération des médecins omnipraticiens et le gouvernement.

Samedi dernier, vous avez fait paraître dans huit journaux francophones du Québec une lettre adressée « aux médecins spécialistes et à toute la population du Québec », concernant la négociation entre la Fédération des médecins omnipraticiens et le gouvernement.

À titre de membre de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la prise de position que vous exprimez m'a profondément interpellé, voire outré.

Vous y accusez la FMOQ de diviser la communauté médicale du Québec. Bien au contraire, je crois davantage que c'est votre position de fermeture qui risque de causer un tort irréparable à la profession.

Au cours des derniers mois, je vous ai entendu à plusieurs reprises, et à juste titre d'ailleurs, prendre position publiquement pour soutenir la Fédération des infirmiers du Québec dans ses négociations avec le gouvernement. Je comprends donc encore plus mal votre prise de position d'aujourd'hui. J'espère toutefois que ce ne sont pas que des impératifs financiers qui guident votre position.

Je suis un clinicien qui exerce en milieu universitaire depuis 25 ans. Au quotidien, je suis en contact avec des omnipraticiens qui souvent cherchent désespérément un consultant pour un problème aigu vécu par un de leurs patients... et qui seront plus qu'heureux d'en assurer le suivi une fois la problématique aigüe améliorée.

Je suis en contact aussi avec ces omnipraticiens qui assurent la prise en charge des patients en milieu hospitalier, un peu partout en région au Québec, mais aussi dans plusieurs hôpitaux sur l'île et en périphérie de Montréal.

Je suis en contact avec ces médecins qui assurent les soins en salle d'urgence, la grande majorité étant encore des omnipraticiens.

Et que dire de tous ceux et celles qui oeuvrent dans les unités de médecine de famille, en gériatrie, en CHSLD, dans les unités de soins palliatifs, aux soins intensifs, en obstétrique, en périnatalité, en psychiatrie, à l'urgence sans rendez-vous, au bureau, en CLSC.

Non, Dr Barrette, la qualité de la médecine au Québec n'est pas qu'affaire de spécialistes.

À l'heure où, dans les facultés de médecine, l'accent est mis sur la collaboration et l'interdisciplinarité, votre propos, M. le président, sonne faux à mes oreilles, comme aux oreilles de plusieurs de mes collègues.

L'omnipratique est en voie d'extinction au Québec. La complexité du réseau, la lourdeur des tâches cliniques et administratives rendent cette profession de moins en moins attrayante. Oui, l'omnipratique est un choix de carrière où la rémunération n'est pas tout, mais où il y a aussi la rémunération.

Je me serais attendu de la part de mon président à un appui public et vigoureux aux revendications de la FMOQ, pas à son contraire.

Dr Barrette, le mépris n'a jamais servi la cause de qui que ce soit.

* L'auteur est gastroentérologue à l'hôpital Saint-Luc du CHUM et professeur agrégé de clinique au département de médecine de l'Université de Montréal.