Étant directement impliquée dans le processus de stage des médecins étrangers, je me permets de répondre aux reportages publiés dans les médias concernant le supposé refus du corps médical québécois d'accueillir les médecins spécialistes étrangers.

Étant directement impliquée dans le processus de stage des médecins étrangers, je me permets de répondre aux reportages publiés dans les médias concernant le supposé refus du corps médical québécois d'accueillir les médecins spécialistes étrangers.

En ma qualité de chef de département d'obstétrique-gynécologie d'un hôpital universitaire, je reçois régulièrement des gynécologues étrangers afin d'évaluer leur performance clinique en vue de les accueillir dans les régions du Québec en pénurie. Au fil des années, nous devons malheureusement constater que la majorité de ces candidats ne sont pas aptes à pratiquer la médecine spécialisée selon les normes canadiennes puisque leur formation est de loin sous-optimale.

Ils ne sont pas plus bêtes pour autant, ils n'ont seulement pas eu la chance d'avoir une formation de même qualité que celle qui est offerte au Québec. Il est clair que le stage d'appoint de trois mois ne pourra jamais remplacer cinq ans de formation structurée. Comment penser qu'en trois mois, un gynécologue au CV exemplaire, mais qui n'a jamais fait d'accouchement de sa vie, puisse aller travailler en région! Il y a évidemment des exceptions qui atteignent tous leurs objectifs après une semaine de stage et qui sont déjà en pratique avec nous sans aucun problème.

Quelle est donc la volonté réelle de notre gouvernement? Faire passer le Québec pour une terre d'accueil de rêve pour tous alors que nous savons pertinemment que ce sera plutôt un cauchemar pour plusieurs en fin de compte? Que voulons-nous vraiment? Chaque année, je reçois, dans le cadre de journées au travail pour les étudiants du troisième secondaire, de jeunes Québécois de toute origine confondue qui rêvent de devenir médecins. Malheureusement, seulement une proportion de 20% sera acceptée ; pourtant, plusieurs ont un avenir brillant devant eux... En effet, il est déjà prévu que dans un futur proche, nous devrons diminuer le nombre d'accès dans nos facultés de médecine!

Et que voulons-nous comme société? En tant que professeure, je n'ai aucun problème à accueillir des médecins étrangers à condition que nous puissions les former adéquatement comme les autres. Évidemment, je ne crois pas que nous voulions ouvrir les portes sans limites et je pense que nous souhaitons prioriser nos étudiants québécois. Cessons donc de faire l'autruche et si nous jugeons que nous devons garder un certain nombre de postes pour les diplômés hors Québec, nous les accueillerons par la grande porte et les formerons adéquatement.

Forte de mes valeurs de femme, Gaspésienne d'origine et professeure universitaire, jamais vous ne me ferez endosser une formation inadéquate pour des raisons politiques. Tous les médecins spécialistes du Québec doivent répondre aux critères de base du Collège Royal canadien et du Collège des médecins du Québec. De sous-entendre qu'on puisse tourner les coins ronds pour bien paraître ne fera jamais partie de l'équation.

Définissons des quotas clairs qui cesseront de donner des illusions aux médecins étrangers; former un médecin engendre des coûts qui sont assumés par les contribuables québécois. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas de médecins de famille qu'il y a une pénurie aiguë de ressources, mais il y a de toute évidence un problème de gestion des effectifs qui n'est pas prêt de se régler...