Votre récente déclaration imputant la responsabilité du décrochage scolaire des enfants québécois à leurs parents a de quoi choquer les personnes peu alphabétisées qui fréquentent les organismes de notre réseau. Vous n'êtes pas sans savoir, M. Charest, que 1,3 million de Québécois âgés de 16 ans et plus ont de graves difficultés avec la lecture et l'écriture, selon l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes réalisée en 2003.

Votre récente déclaration imputant la responsabilité du décrochage scolaire des enfants québécois à leurs parents a de quoi choquer les personnes peu alphabétisées qui fréquentent les organismes de notre réseau. Vous n'êtes pas sans savoir, M. Charest, que 1,3 million de Québécois âgés de 16 ans et plus ont de graves difficultés avec la lecture et l'écriture, selon l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes réalisée en 2003.

Ignorez-vous que parmi ces personnes peu alphabétisées, un grand nombre exerce un rôle parental? Doutez-vous vraiment du désir profond qu'ont ces parents que leurs enfants obtiennent et développent toutes les connaissances et tous les outils nécessaires à leur réussite? Ces connaissances qui permettraient à leurs enfants de quitter la pauvreté et l'exclusion dont ils sont eux-mêmes souvent victimes? Les travailleurs de notre réseau, eux, n'en doutent pas, puisque tous les jours ils sont témoins de leur détermination et de leur volonté.

Vous n'avez pas, M. Charest, à dire aux personnes peu alphabétisées que les enfants apprennent de leurs parents, qu'ils suivent l'exemple de leurs parents. Ils le savent déjà très bien. Pour ces nombreux Québécois, c'est une des raisons qui les incite à entreprendre courageusement, à l'âge adulte, le défi d'une démarche d'apprentissage dans un groupe populaire en alphabétisation.

Et c'est ici que vous devez prendre vos responsabilités, M. Charest, en tant que plus haut représentant de la population québécoise. Ces nombreux parents vous rappellent vos devoirs, dont ceux de ne pas ignorer les milliers d'adultes peu alphabétisés et de mettre en place les ressources adéquates pour contrer l'analphabétisme. Car pour eux, le lien entre le décrochage scolaire, l'analphabétisme, la pauvreté et l'exclusion est évident.

Concrètement, monsieur le premier ministre, quels moyens avez-vous développés pour permettre un système scolaire qui accueille la différence au lieu de l'exclure? Quelles mesures avez-vous prises pour faciliter financièrement la participation des adultes à une démarche d'alphabétisation? Que faites-vous pour consolider l'effort des groupes populaires en alphabétisation au Québec, dont l'expertise est reconnue depuis plus de 30 ans?

M. Charest, vous ne pouvez pas ignorer les liens entre la lutte au décrochage scolaire, la lutte à l'analphabétisme et la lutte à la pauvreté. Quelles responsabilités vous reconnaissez-vous en tant que premier décideur politique du Québec pour contrer ces problèmes?