Il y a quelques jours, le maire Gérald Tremblay annonçait son intention d'imposer une taxe supplémentaire sur les automobiles. L'objectif annoncé de cette taxe est de réduire la congestion à Montréal une fois les transports en commun vers l'extérieur de l'île améliorés. En effet, M. Tremblay a déclaré que « la contribution des automobilistes sera dédiée aux transports en commun ». Impossible de ne pas être sceptique face au bien-fondé de cette annonce, pour (au moins) deux raisons.

Il y a quelques jours, le maire Gérald Tremblay annonçait son intention d'imposer une taxe supplémentaire sur les automobiles. L'objectif annoncé de cette taxe est de réduire la congestion à Montréal une fois les transports en commun vers l'extérieur de l'île améliorés. En effet, M. Tremblay a déclaré que « la contribution des automobilistes sera dédiée aux transports en commun ». Impossible de ne pas être sceptique face au bien-fondé de cette annonce, pour (au moins) deux raisons.

Premièrement, l'assiette de cette taxe n'est pas la bonne, puisqu'elle ne vise pas les automobilistes responsables de la congestion. La taxe vise les automobilistes montréalais, tandis que ce sont visiblement les automobilistes de l'extérieur de Montréal qui causent la congestion. Pas besoin d'études sophistiquées pour s'en rendre compte : si les automobilistes montréalais causaient de la congestion, Montréal serait congestionnée les fins de semaine. Or, ce n'est clairement pas le cas. La congestion montréalaise est une congestion de « commuting », et non une congestion liée au parc automobile résident.

Deuxièmement, M. Tremblay affirme que « si on améliore les transports en commun, les automobilistes choisiront de traverser les ponts en transports en commun ». Le maire compte visiblement sur un effet indirect, et à moyen-long terme, de la taxe. N'importe quel économiste sait que c'est irréaliste, car on ne peut raisonnablement que miser sur les effets directs d'une taxe, ne serait-ce que dans l'espoir que la taxe remplisse son rôle. Donc, si on veut réellement réduire la congestion, il faut taxer directement le comportement qui mène à cette congestion : la décision de prendre tel ou tel pont, et non la décision d'acheter ou non une automobile.

Autrement dit, on pourrait atteindre les objectifs annoncés par le maire Tremblay beaucoup plus efficacement (et équitablement !) en instaurant un péage de type « cordon », comme c'est le cas à Londres, Singapour, Stockholm et en Floride, afin d'influencer directement le comportement des usagers des ponts. Or, on sait que les péages sont initialement impopulaires, même les péages de congestions, et qu'il est plus facile de prendre en otages les automobilistes locaux, qui ne vont pas décider d'envoyer leur automobile à la casse pour quelques dizaines de dollars de plus par an (bien que le montant reste à déterminer).

Au mieux, cette annonce d'une nouvelle taxe sur les automobiles est le fruit d'une réflexion un peu trop rapide et mal pensée ; au pire, il s'agit d'un cas flagrant d'hypocrisie. Dans les deux cas, on n'y croit pas.