Comment est géré le ministère de la Santé? Comment est-il possible de ne pas prévoir, malgré toutes les mesures mises en place par le gouvernement depuis plusieurs années pour encourager la population à faire des enfants, que le nombre de naissances augmenterait?

Comment est géré le ministère de la Santé? Comment est-il possible de ne pas prévoir, malgré toutes les mesures mises en place par le gouvernement depuis plusieurs années pour encourager la population à faire des enfants, que le nombre de naissances augmenterait?

Comment est-il concevable d'augmenter les admissions dans les écoles de médecine afin de combler la pénurie actuelle et de ne pouvoir par la suite assurer un poste à ces finissants? Comment peut-on apprendre dans les médias, dans la même semaine, que 36 nouveaux obstétriciens-gynécologues seront prêts à travailler cette année alors que seulement 13 d'entre eux auront un poste au Québec, faute de budget, et que toutes les unités d'obstétrique des hôpitaux québécois débordent?

Je suis présentement enceinte de mon deuxième enfant et je suis outrée. J'ai eu peine à trouver un médecin pour mon suivi de grossesse, après plusieurs coups de téléphone. J'aurai mon premier rendez-vous à la veille de ma 13e semaine, à la limite de l'acceptable, mais c'est le mieux qu'elle puisse faire.

J'ai eu des saignements au début de ma grossesse et j'étais morte d'inquiétude. J'aurais voulu voir mon médecin, j'aurais voulu qu'elle me rassure, mais c'était impossible. Je ne pouvais ni la voir, ni lui parler au téléphone, ni lui laisser un message pour qu'elle me rappelle, ni demander à ce qu'une note soit laissée à mon dossier. Car je n'ai pas de dossier: ce n'est pas officiellement mon médecin puisque je ne l'ai pas encore rencontrée et qu'elle n'a pas encore vu l'ombre de ma carte d'assurance-maladie.

J'ai dû me contenter de discuter avec la réceptionniste, qui a tenté de me rassurer et qui m'encourageait à contacter une infirmière et à me trouver un médecin de famille (ça m'a fait rire un peu). Est-ce inutile de vous dire que j'ai très hâte d'entendre le battement de coeur de mon enfant?

Monsieur le ministre, le baby-boom dure depuis des années et il est à prévoir que ça se poursuivra encore quelque temps. Et c'est tant mieux ! Vous m'encouragez à faire des enfants, vous me dites qu'il faut augmenter le taux de natalité, les études démographiques vous donnent des boutons, alors moi, en bonne citoyenne québécoise, je fais des enfants. Ce n'était pas ça le «deal», monsieur le ministre? J'assure un avenir au Québec, je mets au monde de bons petits contribuables qui paieront votre retraite, mais en échange, vous me permettrez d'espérer de ne pas devoir accoucher dans un placard!

Monsieur le ministre, vous avez sous vos ordres un des ministères les plus complexes qui soit, je vous l'accorde. Votre boulot, personne n'en veut. Mais votre gouvernement (et le précédent, je sais) met depuis trop longtemps la santé du personnel médical et infirmier en danger en leur offrant des conditions insoutenables. Ils sont à bout de souffle. Et ils vieillissent, ils quitteront bientôt leur profession. Ça risque de ne pas faire bon ménage avec le vieillissement de la population et l'augmentation des naissances, vous ne trouvez pas? Qu'allez-vous mettre d'autre en péril? La vie d'une mère? Celle de son nouveau-né?

Oh, et en passant, pourriez-vous faire le message à la ministre de la Famille que mes enfants iront fort probablement à la garderie bientôt, et aussi à la ministre de l'Éducation que j'ai l'obligation de les envoyer à l'école quand ils auront 5 ans? Juste au cas où ça ne serait pas suffisamment prévisible pour vous que les enfants nés aujourd'hui auront besoin d'une petite place dans d'autres réseaux que celui de la santé, demain.

Et une dernière petite chose... Mon conjoint et moi souhaitons avoir quatre enfants. Merci de vous y préparer.