Dans la foulée d'une récession particulièrement difficile, un consensus fragile commence à se dessiner entre économistes et principaux chefs d'entreprise sur les maux qui affligent l'économie américaine. Les grands problèmes économiques structurels qu'ils pointent du doigt sont une concurrence internationale sans précédent, des niveaux d'endettement insoutenables, la stagnation du niveau de vie des classes moyennes, la détérioration du système d'éducation, particulièrement aux primaire et secondaire, le sous-investissement en R&D et en innovation et la décrépitude des infrastructures. Tous ces facteurs freineront la croissance économique dans un avenir prévisible.

Dans la foulée d'une récession particulièrement difficile, un consensus fragile commence à se dessiner entre économistes et principaux chefs d'entreprise sur les maux qui affligent l'économie américaine. Les grands problèmes économiques structurels qu'ils pointent du doigt sont une concurrence internationale sans précédent, des niveaux d'endettement insoutenables, la stagnation du niveau de vie des classes moyennes, la détérioration du système d'éducation, particulièrement aux primaire et secondaire, le sous-investissement en R&D et en innovation et la décrépitude des infrastructures. Tous ces facteurs freineront la croissance économique dans un avenir prévisible.

Les remèdes fiscaux et budgétaires simplistes ne suffiront pas. Pour rebâtir les piliers de l'économie, il faudra des engagements à long terme, des stratégies cohérentes et des investissements ciblés, nécessitant parfois plus de sacrifices à court terme.

La solide performance du Parti républicain aux élections de mi-mandat traduira-t-elle ce consensus en politiques efficaces, reposant inévitablement sur des compromis politiques et une volonté de se projeter au-delà de 2012? Malheureusement, nous pensons que non et voici pourquoi.

Premièrement, l'opinion publique a rarement été aussi profondément divisée et polarisée qu'aujourd'hui. La chasse aux boucs émissaires est devenue un sport national, et le gouvernement - surtout fédéral -,  Wall Street, les immigrants clandestins et la Chine sont les premiers visés. Il n'est pas étonnant que la nouvelle génération de politiciens qui a surfé sur la vague de la colère et de l'insécurité de l'électorat reflète ces divisions et ait contribué à attiser les feux d'une partisanerie exacerbée. Il sera extrêmement difficile de refermer la boîte de Pandore.

Deuxièmement, l'architecture sous-jacente de la démocratie des Pères fondateurs avec ses freins et ses contrepoids est de plus en plus inadaptée aux défis du XXIe siècle. Le cycle d'élection à la Chambre des représentants de deux ans est sans parallèle dans les démocraties avancées et génère une myopie chronique. La combinaison du veto présidentiel, de l'obstruction parlementaire (les fameux filibusters) du Sénat et d'une Chambre des représentants contrôlée par les républicains conduit tout droit à l'impasse.

Enfin, des règles de financement électoral problématiques ont contribué au détournement de l'intérêt national, peu importe comment on le définit. Les priorités contradictoires et les politiques parasitaires des «intérêts spéciaux» deviennent de plus en plus un luxe inabordable.

Que pouvons-nous attendre de l'impasse politique d'ici 2012?

- Aucune réduction significative des programmes sociaux. Les républicains ne voudront pas perdre de leur élan avant la prochaine élection. Dans les États industriels durement touchés par la récession du rust belt, par exemple, ils ont remporté plusieurs sièges (comme gouverneurs d'État et au Congrès) dans des fiefs démocrates, et des coupures importantes dans les prestations de sécurité sociale et de chômage fédérales ainsi que d'autres acquis sociaux sont impensables. Tout projet qui réussira à s'affranchir de l'autocensure des républicains se heurtera à l'obstruction du Sénat et au veto présidentiel.

- Aucune augmentation d'impôts n'est envisageable. Certaines réductions ne peuvent être exclues, parce qu'un président en mal de réélection peut difficilement s'y opposer.

- Les compressions de dépenses militaires ne trouvent aucune oreille favorable dans les rangs républicains et les démocrates ne peuvent pas se permettre d'apparaître laxistes en matière de sécurité. Les États-Unis ne sont pas la Grande-Bretagne. Le président Obama subira une pression de plus en plus forte pour bombarder les installations nucléaires iraniennes au cours des deux prochaines années, au détriment de l'intérêt géopolitique à long terme des États-Unis dans les pays pétroliers du Moyen-Orient.

- Aucun nouvel investissement significatif dans l'éducation, la recherche et développement, l'innovation ou les infrastructures ne franchira l'obstacle de la Chambre des représentants ou du Sénat à l'heure où les déficits et la dette nationale hantent tous les esprits.

- Malgré l'adhésion de son administration au libre-échange, le président Obama risque d'être acculé à recourir à un protectionnisme qui rehaussera l'inflation. Les démocrates et le Tea Party trouveront peut-être même un terrain d'entente paradoxal, mais glissant, pour imputer aux pratiques commerciales déloyales de la Chine le niveau du chômage américain.

Même si la plupart des indicateurs économiques pointent actuellement vers la déflation, les indicateurs politiques pointent plutôt vers l'inflation. L'incapacité du système politique américain à régler de manière efficace la dette et à investir dans la croissance à long terme fera directement retomber sur les épaules de Ben Bernanke et de son successeur la responsabilité de l'économie américaine.

Quand le système politique, les hommes et femmes politiques et les groupes de pression conspirent pour maintenir un statu quo insoutenable et à terme contraire à la croissance, régler les problèmes par l'inflation peut servir de sortie de secours. Chez les politiques, blâmer la Fed a toujours été une stratégie plus payante que toute autre voie plus rationnelle.