Durant mes 26 ans chez Pratt&Whitney Canada, j'en ai travaillé 10 à l'étranger, dont près de huit ans à Singapour. Lorsque je me suis installé là-bas, j'ai dû apprendre les règles de conduite d'un véhicule. Mis à part le fait que le volant était à droite, ce qui m'a le plus fait réfléchir a trait à la notion de responsabilité.

Durant mes 26 ans chez Pratt&Whitney Canada, j'en ai travaillé 10 à l'étranger, dont près de huit ans à Singapour. Lorsque je me suis installé là-bas, j'ai dû apprendre les règles de conduite d'un véhicule. Mis à part le fait que le volant était à droite, ce qui m'a le plus fait réfléchir a trait à la notion de responsabilité.

À Singapour, on n'accepte pas le concept d'accident sur la route. Pour un Québécois habitué au no-fault, c'est un choc! Le principe de responsabilité est simple et d'une logique infaillible: le conducteur doit demeurer en contrôle de son véhicule en tout temps! Donc, si vous emboutissez l'arrière d'une voiture, c'est que vous n'étiez pas en contrôle de votre voiture à ce moment. Vous ne voulez pas dire au policier que vous étiez en contrôle lors de l'accident, car vous affirmeriez que vous avez sciemment frappé l'autre véhicule, ce qui impliquerait une intention criminelle!               

Au Québec, on dira que le véhicule a freiné trop rapidement, la chaussée était glissante, la visibilité était mauvaise, etc. À Singapour, le policier vous répondra que vous n'avez pas ajusté la vitesse de votre voiture en fonction des conditions de la route! Après tout, c'est vous la personne derrière le volant, donc l'ultime responsable de votre véhicule. On vous distribuera une contravention de 250$ pour chaque accident (mineur ou majeur) dont vous êtes responsable, pour ne pas avoir été en contrôle de votre véhicule en tout temps. C'est la police qui tranche le niveau de responsabilité. Ne pas rapporter un accident peut entraîner aussi des conséquences fâcheuses.   

Face à une telle législation, on apprend soudainement à considérer la conduite automobile comme une activité pour adulte responsable, contrairement à la situation qui prévaut ici, où il faut avoir transgressé des articles de loi spécifiques pour être responsable de ses actions. L'exemple des trois cyclistes mortes après avoir été happées sur la route par un conducteur qui, de toute évidence, n'était pas en contrôle de son véhicule, est aussi probant que désolant!

Combien de morts et de blessés devrons-nous encore déplorer sur nos routes parce que nous nous comportons sur la route exactement comme l'État nous traite, c'est-à-dire comme irresponsables!

Responsabilisons les conducteurs et les routes n'en deviendront que plus sûres!