Après un printemps et un été plutôt difficiles, l'appétit pour le risque effectue un retour en force remarqué cet automne. L'indice phare du S&P 500 vient de connaître son meilleur mois de septembre depuis 1939 (+9%) et la tendance positive se poursuit en octobre. Le prix de l'or fracasse quotidiennement des records, le huard est à parité avec le billet vert et les taux d'intérêt sont à la baisse. Depuis le début de l'année, le marché des actions affiche un rendement de 9% au Canada (+7% aux États-Unis) contre 7% pour celui des obligations, ce qui laisse présager une année positive pour les rendements des portefeuilles.

Après un printemps et un été plutôt difficiles, l'appétit pour le risque effectue un retour en force remarqué cet automne. L'indice phare du S&P 500 vient de connaître son meilleur mois de septembre depuis 1939 (+9%) et la tendance positive se poursuit en octobre. Le prix de l'or fracasse quotidiennement des records, le huard est à parité avec le billet vert et les taux d'intérêt sont à la baisse. Depuis le début de l'année, le marché des actions affiche un rendement de 9% au Canada (+7% aux États-Unis) contre 7% pour celui des obligations, ce qui laisse présager une année positive pour les rendements des portefeuilles.

Les raisons de cet optimisme automnal sont multiples. D'une part, les craintes d'une rechute de l'économie américaine, lesquelles plombaient le moral cet été, apparaissent exagérées. La situation économique reste assurément décevante chez nos voisins du Sud, mais un scénario de croissance modeste apparaît plus plausible à la lumière des récentes statistiques. L'économie chinoise semble également en voie de réussir un atterrissage en douceur. Autre facteur favorable, les évaluations du marché boursier sont attrayantes et les taux d'intérêt sont excessivement bas. En 2000, l'indice S&P 500 s'échangeait à un multiple de 30 les profits anticipés, contre 12 aujourd'hui.

Finalement, la possibilité d'une nouvelle ronde de détente monétaire aux États-Unis s'avère l'élément-clé de la récente résurrection de l'appétit pour le risque. La Réserve fédérale pourrait d'ailleurs entamer une seconde ronde de mesures quantitatives (quantitative easing) dès novembre, scénario applaudi par le marché.

La politique monétaire s'exerce habituellement par l'entremise d'un changement du taux d'intérêt directeur. De cette façon, une banque centrale influence le loyer (coût) de l'argent. Comme les taux d'intérêt sont déjà près de 0% aux États-Unis, la Réserve fédérale privilégie l'approche quantitative, laquelle a pour but d'influencer la quantité d'argent en circulation. Cette mesure vise essentiellement à intervenir directement sur le marché en achetant des obligations afin d'augmenter la masse monétaire. La Réserve fédérale imprime donc de l'argent pour financer ces achats qui viennent gonfler la dette de son bilan.

En 2009, la Fed a acheté pour 1500 milliards de dollars d'obligations du Trésor et autres titres adossés à des créances. À l'époque, l'objectif était de débloquer le marché du crédit. La Fed s'apprête maintenant à lancer un second programme (moins ambitieux) d'achat d'obligations gouvernementales (échéances plus longues) dans le but de réduire les taux d'intérêt et ainsi donner un électrochoc à une reprise jugée anémique.

Malgré l'optimisme des investisseurs, il y a plusieurs raisons de douter du succès d'une telle mesure. Primo, la relance de l'économie américaine est surtout freinée par le désendettement des ménages. Le taux d'épargne remonte et les Américains semblent davantage enclins à assainir leur bilan que d'emprunter davantage. Réduire les taux d'intérêt encore plus pourrait donc être un coup d'épée dans l'eau.

De plus, faire baisser artificiellement les taux d'intérêt pourrait favoriser l'émergence d'autres bulles en forçant la main des investisseurs qui doivent trouver des alternatives aux maigres taux offerts sur le marché obligataire. Finalement, la glissade du dollar américain, conséquence directe de l'expansion de la masse monétaire et objectif non avoué de la politique monétaire américaine, impose des ajustements importants aux autres pays. L'euro s'est apprécié de 18% depuis juillet, le huard est de retour à parité et le yen transige à son plus haut niveau en plus de 15 ans par rapport au billet vert.

Pour l'instant, cette dérive quantitative provoque un enthousiasme marqué sur les marchés, et malgré nos incertitudes, elle pourrait fournir à l'économie américaine l'oxygène nécessaire pour passer à travers les ajustements qui l'attendent. Tout succès à court terme sera néanmoins confronté tôt ou tard à un défi de taille, c'est-à-dire comment et quand déployer une stratégie de sortie. Les incertitudes entourant cette dérive quantitative risquent de maintenir les marchés dans un environnement hautement volatil au cours des prochains mois.