Il y a quelques années, j'ai eu le privilège de coprésider avec le chef Billy Diamond une importante conférence portant sur le développement minier. J'en ai fait beaucoup de ce type de rencontres et, souvent, on ressent ce froid, voire cette distance entre les représentants des entreprises ou des gouvernements et ceux des communautés autochtones. Cette fois-ci, ce fut différent. En ouverture de la rencontre, Billy a pris la parole et relatant la venue des premiers prospecteurs, les deux bras dans les airs, il a lancé: «They never thought they would find the biggest Diamond!» (ils ne pensaient jamais trouver le plus gros Diamond!) La salle s'est esclaffée et le ton était donné.

Il y a quelques années, j'ai eu le privilège de coprésider avec le chef Billy Diamond une importante conférence portant sur le développement minier. J'en ai fait beaucoup de ce type de rencontres et, souvent, on ressent ce froid, voire cette distance entre les représentants des entreprises ou des gouvernements et ceux des communautés autochtones. Cette fois-ci, ce fut différent. En ouverture de la rencontre, Billy a pris la parole et relatant la venue des premiers prospecteurs, les deux bras dans les airs, il a lancé: «They never thought they would find the biggest Diamond!» (ils ne pensaient jamais trouver le plus gros Diamond!) La salle s'est esclaffée et le ton était donné.

Billy Diamond imposait autant par son physique que sa personne. C'était un grand homme, dans tous les sens du terme. L'annonce de son décès a bouleversé plusieurs personnes, moi inclus. Les Premières Nations viennent de perdre un leader, véritable source d'inspiration, qui a ouvert la voie à la négociation et au dialogue.

C'était bien avant les décisions importantes de la Cour suprême, comme Delgamuukw ou Haïda Nation, c'était avant la reconnaissance des droits des autochtones dans la Constitution canadienne et c'était bien avant la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones.

1971, c'était le projet du siècle! Face aux ambitieux projets de développement énergétique du Québec, Billy Diamond se dresse et ose affirmer que le territoire est celui de sa nation, que le Québec n'a pas le droit de le développer sans le consentement de son peuple et celui de tous les autres, Inuits et Premières Nations, qui habitent, protègent et respectent ce territoire depuis des milliers d'années.

Les Québécois venaient tout à coup de découvrir qu'il existait encore des Indiens ici, alors que les livres d'histoire nous les présentaient comme des peuples primitifs ayant bien marqué les premières années de la Nouvelle-France, mais qui n'existent que dans les récits d'époque... jusqu'à cette année de 1973 (décision du juge Malouf). Les Cris, suivant les pas du grand chef Diamond et bénéficiant de l'appui des autres Premières Nations du Québec, vont remporter une grande victoire devant les tribunaux québécois. La Cour supérieure du Québec leur donne raison et ordonne l'arrêt immédiat des travaux de la Baie-James.

Malgré le renversement de ce jugement par la Cour d'appel, Billy Diamond réussit à faire valoir le fait que les Cris possèdent des droits territoriaux et des droits ancestraux qui doivent être respectés. Cette détermination d'un seul homme a mené à la signature de la Convention de la Baie-James (1975), une entente qui a «propulsé la nation crie dans le nouveau siècle», selon ses propres paroles. Il s'agissait d'une importante victoire pour les Cris, mais il s'agissait surtout d'une énorme victoire pour l'avenir des Premières Nations. Dès lors, nous étions moins «gênés» de défendre nos droits et d'utiliser les recours juridiques lorsqu'il le fallait. Ainsi, il y a eu Guerin, Côté, Sioui, Sparrow, Delgamuukw, Haïda, et j'en passe. Il y a eu aussi de nombreuses batailles politiques, voire plusieurs crises.

Personnellement, j'étais parmi ces jeunes militants des Premières Nations qui marchaient contre le développement hydroélectrique de la Baie-James. Or, on pouvait être contre le projet de la baie James mais, en même temps, il était difficile de rester indifférent devant Billy Diamond.

Leader historique de la nation crie, il a été le premier grand chef des Cris, de 1974 à 1984. Après la Convention de la baie James, il a participé aux conférences constitutionnelles de 1983 à 1987 qui ont permis l'une des rares modifications constitutionnelles de l'histoire du Canada. Il était celui que plusieurs consultaient dans les derniers pourparlers constitutionnels qui ont résulté en l'Accord de Charlottetown, en 1992.

C'est donc une grande page de notre histoire qui vient de se tourner avec le départ de Billy Diamond, un homme plus grand que nature. Il nous a quittés mais son esprit continue et continuera de nous habiter. Il nous lègue la vision d'un avenir meilleur pour nos enfants, ainsi que la responsabilité de continuer à défendre ce que nous sommes.

Enfin, il nous a appris qu'une nation n'est jamais aussi forte que lorsqu'elle est unie. Je souhaite que ses enseignements guideront le chemin de plusieurs générations à venir.

Merci Billy!