Ce n'était pas assez, depuis plus d'un an maintenant, de nous exposer aux malversations du milieu de la construction, des généreux contrats fournis par les différents paliers de gouvernement, des liens de plus en plus étroits entre certains syndicats et le crime organisé, voilà qu'il fallait nous divertir, de façon rocambolesque, par une commission qui se penche sur les irrégularités de la nomination de trois juges et dont les médias nous présentent les faits comme un roman-savon.

Ce n'était pas assez, depuis plus d'un an maintenant, de nous exposer aux malversations du milieu de la construction, des généreux contrats fournis par les différents paliers de gouvernement, des liens de plus en plus étroits entre certains syndicats et le crime organisé, voilà qu'il fallait nous divertir, de façon rocambolesque, par une commission qui se penche sur les irrégularités de la nomination de trois juges et dont les médias nous présentent les faits comme un roman-savon.

Je suis conseiller municipal depuis cinq ans et j'ai commencé mon premier mandat alors que la commission Gomery déposait son rapport sur le scandale des commandites. En cinq ans, nous nous sommes enfoncés davantage. Jusqu'où devons-nous aller pour agir?

Récemment, je participais au gala d'une chambre de commerce de ma région. Voulant encourager un candidat finaliste pour la personnalité de l'année, je me suis rendu à sa table afin de lui témoigner mon appui. Quelle fut sa réponse devant 10 convives? «Tu veux-tu ton enveloppe brune?» Éclat de rire général. J'étais sidéré.

Je commence à en avoir marre de cette vieille blague éculée des humoristes en manque d'imagination, relayée par une large partie de la population. Les élus, quels qu'ils soient, devraient prendre bonne note des scandales actuels et réagir.

Je savais, lors de mon entrée en politique, que la cote des politiciens était très basse. Nous sommes désormais peut-être dépassés en cela par la profession de conseiller financier qui, chaque semaine, apporte son lot de scandales, petits et grands. Où allons-nous?

Je suis entré en politique avec le goût de réaliser un certain nombre de choses et avant tout pour le bien public, dans la mesure où les défis que je relève répondent aux attentes des citoyens-contribuables.

On ne peut plus détacher ces deux mots: citoyens et contribuables, car même si les jeunes citoyens ne paient pas encore de taxes, leurs parents en paient et en paient beaucoup. Les contribuables sont en droit de questionner les administrations. Toutes les administrations.

Il était désolant récemment de lire le reportage du Maclean's au sujet de la province-la-plus-corrompue-du-Canada. Je ne crois pas que le Québec soit un cas à part. Le Canada est d'ailleurs né dans le scandale du Grand Trunk qui fit tomber le gouvernement conservateur de Macdonald. Il n'est pas question de se comparer dans ces conditions, sachant ce que nous savons. Dorénavant, notre devoir est d'agir. Une commission s'impose. Une commission beaucoup plus large que celle portant sur la nomination des juges. Je crois que c'est assez, la coupe est pleine.

Lorsqu'un entrepreneur assoit à une même table des candidats opposés dans une municipalité et leur suggère de ne pas faire d'élections, qu'au cours d'une même campagne le conjoint d'une candidate est agressé, que l'on poursuive des citoyens qui s'interrogent sur les dépenses de la municipalité durant les périodes de questions, on ne peut plus parler d'épiphénomène. Le fil blanc commence à dépasser partout. J'ai entendu un conseiller municipal trouver ça normal des manoeuvres pour qu'il n'y ait pas d'élections, dans l'espoir de faire sauver des coûts à la municipalité!

Ça commence vraiment à faire.

Et s'il est exact que la pègre a investi le champ des entreprises de construction et leurs syndicats, que des juges sont nommés à la suite de demandes de bailleurs de fonds de partis politiques, que des agences de sécurité dont les propriétaires ont des liens avec le crime organisé dans les services de police; de grâce, que le gouvernement allonge encore quelques millions afin d'aller au fond des choses, même si l'odeur risque de nous dégoûter, et, enfin, pour que nous puissions nous donner les moyens de redresser un tel gâchis.

Tout cela mine la crédibilité des élus et nous empêche d'agir dans nos fonctions respectives avec sérénité à cause de quelques pommes pourries qu'il nous faudra nécessairement balancer en bas du panier.

Ça suffit!

Il en va de notre santé, de notre éducation, de nos institutions et de notre vie démocratique.