Tout le monde en parle invite Marc Bellemare. Parodie ou burlesque? Voilà, la question est posée...

Tout le monde en parle invite Marc Bellemare. Parodie ou burlesque? Voilà, la question est posée...

La commission Bastarache, avec son lot de rebondissements composés d'analyses de versions de stylos et d'apparitions de disquette magique, a de sérieux problèmes de crédibilité. À un point tel que le commissaire a cru nécessaire de rappeler - de rappeler de nouveau, il faut le préciser - que les parties impliquées devaient limiter leurs déclarations publiques et réserver leurs commentaires au cadre de la salle d'audience. Et voilà que la SRC décide d'ajouter à la difficulté de la commission en invitant Me Marc Bellemare à Tout le monde en parle.

En acceptant l'invitation de la SRC, Me Bellemare a-t-il un problème éthique?

En invitant Me Bellemare, la SRC a-t-elle un problème éthique?

Et si les deux parties avaient un problème éthique...

Me Bellemare n'est pas un novice en matière de procédure, il n'est pas sans savoir que sa participation à l'émission n'enfreignait aucune loi. On peut aussi affirmer que Me Bellemare maîtrise suffisamment le fonctionnement et les règles des commissions d'enquête et des tribunaux. C'est la raison pour laquelle ses réponses aux questions de l'animateur étaient laconiques; il ne voulait pas miner ses chances de succès devant la commission ou devant les tribunaux civils. En participant à Tout le monde en parle, il est raisonnable de croire que Me Bellemare espérait gagner quelques points dans l'estime des citoyens. À ce niveau, il a probablement eu raison, mais il ne faudrait pas oublier l'envers de la médaille: sa participation a miné l'autorité du commissaire Bastarache qui, avouons-le, a de plus en plus de difficulté à nous faire croire aux bénéfices éventuels de la commission.

Conclusion pour Me Bellemare : sa participation était légale, mais représentait une certaine faute éthique.

Le cas de la SRC est beaucoup plus simple. Faisant sciemment fi des directives du commissaire Bastarache enjoignant les participants à ne pas faire de déclaration hors de l'enceinte, en ne recherchant que le sensationnalisme à tout prix et en n'ayant aucune forme de considération pour la justice ni pour l'apparence de justice, la SRC a décidé que c'était elle qui menait le monde et que, s'il y avait un problème éthique, ce serait celui de Me Bellemare.

S'étant posée en juge et partie, la SRC n'a pas semblé réaliser que son invitation pouvait constituer une faute de goût. Entre la grandeur et la petitesse, la SRC a choisi cette dernière. C'était une faute éthique importante.

En tentant de recréer ou de compléter la commission Bastarache à Tout le monde en parle, les producteurs ont présenté une parodie d'enquête qui pouvait, au mieux, ridiculiser la commission tout en ne demeurant qu'au niveau d'un burlesque raté.

La société d'État semble avoir oublié que son mandat devait inclure le bon goût, le vivre ensemble, un idéal de justice et, que ses responsabilités exigeaient, au moins, une apparence d'éthique.

On dit que les citoyens deviennent de plus en plus cyniques face à la chose politique. Des diffusions déplacées comme celle de dimanche soir ne peuvent qu'alimenter ce cynisme et contribuer au désintéressement des citoyens.