D'un point de vue politique, toutes les grandes métropoles canadiennes ont une chose en commun: elles sont égales dans l'inégalité de leur représentation. Mais là s'arrête la comparaison.

D'un point de vue politique, toutes les grandes métropoles canadiennes ont une chose en commun: elles sont égales dans l'inégalité de leur représentation. Mais là s'arrête la comparaison.

Pour des raisons historiques, nous acceptons comme société le fait que les villes soient sous-représentées par rapport à leur poids démographique. Nous acceptons par le fait même que l'avenir des villes soit en grande partie exclu du débat public. La gouvernance et la compétitivité de nos métropoles ne sont pas des enjeux électoraux d'importance.

Ce déséquilibre est en partie compensé, dans les régions métropolitaines de Vancouver et de Toronto, par une volonté politique au niveau de la province de gouverner la ville et sa région de manière cohérente afin d'éviter que la compétition entre villes et banlieues se solde par un «jeu à somme nulle».

Or, c'est précisément ce qui se passe à Montréal depuis quelques années, voire plusieurs décennies. Pendant qu'à Vancouver, on planifie pour les 50 prochaines années, on cherche encore dans la périphérie de Montréal à «dézoner» les terres agricoles pour mieux attirer les bungalows et les contribuables. On se fait compétition (alors même que la population ne croit presque plus) et on s'appauvrit collectivement en éparpillant les infrastructures et services sur un territoire de plus de plus grand.

On opposera à ce portrait de la métropole le fait que plusieurs ministres importants du gouvernement québécois sont Montréalais (exception notable: le ministre des Affaires municipales, qui vient de Thedford Mines). Pourtant, cela ne semble pas avoir joué dans la balance dans les dossiers du CHUM ou de la mise à niveau du métro de Montréal, qui traînent depuis presque deux décennies.

À Montréal, l'État québécois n'est pas prêt à construire un hôpital en mode conventionnel, mais à Québec, on insiste pour construire un amphithéâtre sans aucune participation du privé. On est donc en droit de se demander quel est le véritable poids politique de Montréal au cabinet des ministres.

Qu'est-ce donc qui nous différencie de Vancouver ou de Toronto? Le fait que l'élite politique du Québec soit éloignée de Montréal y est certainement pour quelque chose, mais une explication beaucoup plus simple s'offre à nous: Montréal n'est pas politiquement rentable. Mis à part un ou deux comtés qui changent parfois d'allégeance, la très grande majorité des 28 circonscriptions de l'île de Montréal ont été remportées par le même parti depuis 1976. Alors, pourquoi courtiser Montréal et surtout, pourquoi mettre un frein à l'étalement urbain alors que la banlieue rapporte beaucoup plus que la ville, politiquement parlant?

D'autres en sont arrivés à ce constat, et plusieurs l'ont déploré, mais la vérité (qui est en fait un secret de Polichinelle) est que cela arrange tout le monde: le gouvernement du Québec, les deux grands partis, les banlieues et, bien entendu, les spéculateurs et promoteurs immobiliers, pour qui la périphérie montréalaise est une mine d'or. Augmenter le poids politique du 450 ne réglera donc en rien le problème de la représentation des intérêts de Montréal auprès du gouvernement.

Qu'on augmente le nombre de circonscriptions dans la couronne de Montréal, soit. Qu'on tolère le déficit de représentation de la ville par rapport aux régions, passe encore. Mais dans ce cas, qu'on établisse des règles claires pour la gouvernance de la région métropolitaine et qu'on ait le courage - enfin - de freiner l'éparpillement urbain. Sans quoi nous passerons les 30 prochaines années à essayer de raccommoder une métropole qui n'a ni queue ni tête ni forme.

La Colombie-Britannique et l'Ontario en ont eu le courage. Au Québec maintenant de faire ses preuves.