«Ça n'arrive qu'aux autres.» Mais cette fois, «les autres» c'était nous.

«Ça n'arrive qu'aux autres.» Mais cette fois, «les autres» c'était nous.

Ma mère, Réjeanne Pelletier-Charette, est morte tragiquement il y a quatre semaines. Maman, qui n'avait averti personne de ses déplacements, ce n'était pas normal. L'alerte a été donnée, et rapidement tout un déploiement d'effectifs a été mis en place.

Beaucoup de choses ont été dites sur ma mère, des témoignages ont été recueillis. Tout ce qu'on a dit d'elle est vrai. Mais j'aimerais rendre hommage à l'efficacité du travail policier, autant la police municipale de la ville de Sherbrooke que de la Sûreté du Québec.

Nous avons été étonnés de constater l'ampleur des effectifs mis à contribution afin de retrouver ma mère. Ces hommes et ces femmes ont travaillé sans relâche - mon neveu a été témoin d'un «quart de travail» d'un technicien en scène de crime: il a passé 32 heures d'affilée dans la maison, à la recherche d'indices. Il en a vu un autre se brosser les dents au-dessus du fossé, avec une bouteille d'eau, pour retourner au travail le plus vite possible. Rien n'a été ménagé: unités mobiles, zodiaque, hélicoptère, policiers sur le terrain. Ces hommes et ces femmes étaient à la recherche de maman, comme s'ils cherchaient leur propre mère. C'était sérieux, c'était urgent, c'était leur priorité.

Et c'est sans parler de la courtoisie avec laquelle nous avons été traités. L'enquêteur en chef, le sergent Martin Cossette, se faisait un devoir de nous avertir les premiers, nous de la famille, lorsqu'il y avait un nouveau développement. J'ai pu ainsi avertir mes enfants - restés à la maison et impatients d'avoir des nouvelles - de la mort de leur grand-mère, quelques minutes avant qu'ils ne l'apprennent d'un quelconque média. Ça semble peut-être anodin, mais cela avait beaucoup d'importance pour nous. M. Cossette choisissait chaque parole, chaque mot avec soin et respect, afin de ménager notre sensibilité. Nous nous sommes entretenus avec d'autres officiers tout aussi attentionnés ; malheureusement, je ne connais pas leur nom, mais ils se reconnaîtront.

Les policiers de Sherbrooke n'étaient pas en reste, eux qui étaient de faction jour et nuit devant la propriété de ma mère. La même courtoisie, le même respect que leurs homologues de la Sûreté du Québec, entre autres, le sergent François Gauthier. Ils ont répondu avec patience et gentillesse à toutes nos questions, lorsqu'ils pouvaient nous donner les réponses. Ils se sont chargés de tenir à distance les médias afin de nous ménager un peu d'intimité.

Quant aux médias, à part quelques exceptions, ils ont aussi été respectueux de notre chagrin. Compte tenu des circonstances, il aurait été très difficile pour nous d'accorder des entrevues, et ils l'ont compris.

Le travail policier est souvent critiqué, scruté à la loupe, jugé sévèrement. Mais lorsque les circonstances font que tous nos espoirs sont fondés dans les résultats du travail de ces hommes et ces femmes, il est rassurant de constater leur efficacité et leur dévouement.

Il y a deux semaines, c'était l'anniversaire de mon frère et il y a quelques jours, c'était le mien. Nous n'avons pas reçu, cette année, la carte d'anniversaire qui ne manquait jamais d'arriver, avec l'habituel «je t'aime» devant la signature de maman. Le temps se chargera de panser nos blessures et nous sommes reconnaissants que l'efficacité du travail policier ait pu nous permettre d'aborder notre deuil dès les premiers jours.