Les universités et leurs professeurs jouissent d'un grand prestige social en raison de leur rôle comme formateurs de la future élite de la société, chercheurs qui font évoluer les limites du savoir dans toutes ses composantes et intervenants privilégiés dans le développement de leur communauté. Ce prestige s'appuie sur une perception voulant que ces tâches canalisent l'essentiel des énergies en retour d'un salaire décent.

Les universités et leurs professeurs jouissent d'un grand prestige social en raison de leur rôle comme formateurs de la future élite de la société, chercheurs qui font évoluer les limites du savoir dans toutes ses composantes et intervenants privilégiés dans le développement de leur communauté. Ce prestige s'appuie sur une perception voulant que ces tâches canalisent l'essentiel des énergies en retour d'un salaire décent.

Malgré leur statut privilégié, les professeurs d'université sont, comme les autres intervenants dans la société, soumis à différents conflits d'intérêts interpersonnels, dont ceux liés au prestige et à la compétitivité et ceux de nature financière.

Les universités sont des institutions privées d'intérêt public. De façon générale, elles n'exigent pas l'exclusivité d'emploi de leurs professeurs et ne leur font pas signer de clause de non-concurrence, comme c'est souvent le cas dans les entreprises privées. Dans le secteur public également, l'exercice des mêmes fonctions professionnelles dans le secteur privé serait difficilement toléré.

Plusieurs universités accordent aux professeurs les droits d'auteurs sur les publications réalisées dans l'exercice de leurs fonctions. Souvent, elles leur consentent aussi la décision de breveter ou non les découvertes réalisées dans l'exercice de leurs tâches et, lorsqu'ils acceptent de le faire, elles leur accordent 50% des bénéfices qui en découlent (dans les universités canadiennes, ce pourcentage varierait de 0% à 100%).

Malgré ces incitations à oeuvrer exclusivement pour l'université, plusieurs professeurs agissent comme consultants à leur compte, avec l'accord des doyens des facultés. Le public n'est-il pas en droit de savoir quelles sont les règles qui régissent l'octroi de ces permissions?

Les fonctions de professeur d'université couvrent généralement quatre champs d'intervention: l'enseignement, la recherche, la participation à la vie universitaire et le service à la collectivité. Comment le public peut-il être assuré que la consultation privée ne constitue pas une contrainte à l'exercice des fonctions professorales, surtout dans ses dimensions recherche et services à la collectivité?

Généralement, les professeurs consultants profitent du prestige de leur poste d'enseignant dans une université reconnue lorsqu'ils interviennent publiquement. Le font-ils comme professeurs ou consultants? Qui informe le public? Qui peut le faire? Comment?

Il serait important pour les universités et les professeurs de bien informer le public sur leur gestion des fonctions «recherche» et «services à la collectivité» par rapport aux mêmes fonctions exercées comme consultant privé, surtout lorsque l'on considère que l'enseignement et la recherche sont indissociables et constituent les deux composantes majeures, essentielles et obligatoires de la tâche de professeur.

Il serait par ailleurs aussi important que le public sache comment les universités, largement subventionnées, et les professeurs s'assurent que le financement public de la recherche et de l'acquisition de connaissances pour leurs professeurs dessert la collectivité et non l'intérêt particulier des professeurs consultants.

Alors que les autres intérêts financiers privés et les autres risques de conflits d'intérêts des professeurs n'ont pas à être diffusés hors de l'université, l'intégrité et la transparence commandent aux universités et aux professeurs de faire connaître les noms et les affectations des professeurs qui sont aussi consultants dans les mêmes domaines de spécialisation que leurs tâches professorales, puisque les entreprises et les organismes publics et privés n'acceptent généralement pas ce genre de double emploi.

Pour maintenir leur prestige et l'exemplarité de leur gestion, les universités auraient avantage à ne pas attendre les critiques et à diffuser leurs politiques et leurs pratiques régissant les activités externes des professeurs qui sont aussi consultants dans les mêmes champs de spécialisation que leurs charges professorales. La divulgation devrait se faire par faculté et couvrir également les noms des professeurs concernés et leurs affectations au sein des différents départements.