L'auteur réside dans le quartier gai à Montréal

Montréal ne s'est jamais posé la question à savoir si elle avait besoin d'un quartier portugais, d'un quartier chinois ou d'une Petite-Italie. Ils existent et c'est tout. Se demander si Montréal a besoin d'un village gai, c'est se demander si les gais et lesbiennes ont le droit d'avoir un endroit qui leur ressemble.

De la même façon, les différents paliers de gouvernement subventionnent à plus ou moins grande échelle des jeux de pompiers, des jeux de génie, des jeux paralympiques, etc.  Mais des jeux gais ? Hum... pas certain.

D'autres exemples? Il existe des cours d'anglais destinés aux personnes de 55 ans et plus, des centres de conditionnement physique pour femmes uniquement, un centre culturel haïtien. Des bars uniquement pour hommes gais? Jamais dans 100 ans!

Il existe au Québec une pluralité de lieux et d'événements destinés à des clientèles cibles. De la même façon, il existe un consensus général voulant que la discrimination fondée sur toutes sortes de catégories de gens soit exclue, incluant l'homosexualité. Étrangement, lorsque vient le temps de conférer aux gais certains privilèges accordés aux autres minorités, le discours change.

De toute évidence, il y a des Minorités, et des minorités. Les gais et lesbiennes semblent faire partie de la deuxième catégorie, celle qui ne mérite pas d'avoir ses lieux de rassemblement, ses plaisirs coupables, ses couleurs et son énergie.

Le village gai ne fait pas l'unanimité, même chez les homosexuels. Rien de plus normal. La Petite-Italie ne réussit pas non plus à faire consensus auprès de la communauté italienne. Pourtant, personne ne se pose la question sur sa nécessité.

Le village gai a toute son importance dans cette ville cosmopolite et éclatée qu'est Montréal.