Depuis plusieurs années, je suis engagée auprès de personnes vivant avec le VIH-sida, une maladie extrêmement sérieuse qui, jour après jour, détruit des vies. Je suis plongée dans cette réalité au quotidien car je dirige, à Montréal, une maison d'hébergement pour les personnes atteintes du VIH-sida, La Maison du Parc. Dans les circonstances, vous comprendrez que je ne peux demeurer insensible aux propos tenus la semaine dernière par le Dr Réjean Thomas au sujet des sommes consacrées à la prévention et à la recherche sur le VIH-sida.

Depuis plusieurs années, je suis engagée auprès de personnes vivant avec le VIH-sida, une maladie extrêmement sérieuse qui, jour après jour, détruit des vies. Je suis plongée dans cette réalité au quotidien car je dirige, à Montréal, une maison d'hébergement pour les personnes atteintes du VIH-sida, La Maison du Parc. Dans les circonstances, vous comprendrez que je ne peux demeurer insensible aux propos tenus la semaine dernière par le Dr Réjean Thomas au sujet des sommes consacrées à la prévention et à la recherche sur le VIH-sida.

Il est plus que temps, en effet, que le gouvernement Charest alloue des montants supplémentaires à cette fin. Toutefois, j'aimerais mettre en lumière l'un des enjeux les plus dramatiques, selon moi: la «banalisation» du sida, une maladie qui, rappelons-le, affecte plus de 68 000 personnes au Canada dont 20 000 au Québec. Comment se fait-il que dans une société comme la nôtre le message ne passe pas, alors que l'information est démocratisée depuis si longtemps et accessible à toutes les tranches de la population? Comment peut-on accepter un tel déni? C'est un phénomène très répandu dans la société en général, et plus précisément chez les jeunes de 18-25 ans, qui comme le mentionnait le Dr Thomas, n'ont pas connu l'horreur de l'épidémie du sida à ses débuts. Sachant que la jeunesse constitue la plus grande richesse d'une société, avons-nous les moyens d'une jeunesse si mal informée?

Croyez-moi, vivre avec le VIH-sida n'a rien de banal ou de virtuel. À La Maison du Parc, cette maladie est présente à chaque seconde. Nos résidants sont tous affectés et ils sont malades! Souvent, ils présentent des problématiques multiples reliées à la maladie, notamment des troubles psychiatriques, des atteintes neurologiques, des démences, des pneumonies, des atteintes dermatologiques, et j'en passe. Pour survivre, ils doivent prendre tout un cocktail de médicaments qui causent d'inévitables effets secondaires: nausée, diarrhée, lipodystrophie (répartition anormale des tissus graisseux, souvent au niveau du visage), éruptions cutanées, maux de tête, etc.).

Il est vrai que plusieurs personnes atteintes réussissent à vivre une vie, ou devrais-je dire des parties de vie, productives et bien remplies grâce à des traitements adéquats. C'est peut-être pour cette raison que beaucoup de personnes ont l'impression que ce n'est pas si grave d'être atteint du VIH-sida. Il faut comprendre que le VIH-sida est une maladie chronique et épisodique et qu'il n'y a pas de guérison possible. Les conséquences de l'infection se font sentir à un moment ou un autre de la vie. Le VIH-sida doit être une préoccupation de la santé publique, c'est fondamental.