Le décès à domicile par l'organisation de soins palliatifs efficaces, voilà ce à quoi j'aspire! Puisque les familles le désirent, que les patients le veulent, et que les gestionnaires, devant la pénurie de lits, ne peuvent que le favoriser, il semble évident de se poser la question: pourquoi seulement 9,7% des malades cancéreux finissent-ils leurs jours à domicile?

Le décès à domicile par l'organisation de soins palliatifs efficaces, voilà ce à quoi j'aspire! Puisque les familles le désirent, que les patients le veulent, et que les gestionnaires, devant la pénurie de lits, ne peuvent que le favoriser, il semble évident de se poser la question: pourquoi seulement 9,7% des malades cancéreux finissent-ils leurs jours à domicile?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce taux, à commencer par l'acculturation qui entoure cette étape inévitable de la vie: la mort. Bien qu'une étude révèle que 47% de patients atteints de cancer et suivis par une équipe de soins palliatifs préfèrent mourir à domicile, il y a encore ce paradigme bien vivant dans notre société selon lequel «on ne meurt bien qu'à l'hôpital». Cela apporte son lot de problèmes, notamment avec le vieillissement de la population. Les baby-boomers ne sont pas immortels et ils se bousculent déjà aux portes du système de santé.

Pour parvenir à surmonter la situation actuelle, on devra donc conjuguer l'introduction d'un changement de perceptions et de croyances face aux soins palliatifs et au décès à domicile à une meilleure offre de services de soins de fin de vie pour répondre à cette demande.

Depuis 2005, au CSSS du Sud-Ouest-Verdun, nous avons implanté un modèle d'intervention novateur en milieu urbain qui priorise le milieu de vie des patients en phase terminale. Ce modèle s'articule autour d'une équipe interdisciplinaire qui regroupe les équipes de l'hôpital, des CLSC et d'une unité publique de soins palliatifs. Notre équipe, composée d'infirmières à temps plein dédiées aux soins à domicile, de médecins mobiles hôpital-domicile, d'un travailleur social, d'un psychologue et de bénévoles, parvient à répondre à l'ensemble des demandes sur notre territoire. Autrement dit, nous n'avons pas de liste d'attente en soins palliatifs. Et nous faisons tout cela à même une réallocation des ressources existantes. Comme quoi, il y a moyen de s'adapter aux besoins évolutifs dans les soins de santé sans nécessairement ajouter de nouvelles ressources à un réseau qui est déjà en pénurie.

Et les résultats de la mise en place d'une offre intégrée en soins palliatifs sont bien plus que quantitatifs. Ils sont d'abord et avant tout qualitatifs. À Verdun et dans le Sud-Ouest de Montréal, nous améliorons la qualité de vie des patients et de leur famille, et nous répondons à leur volonté de mourir dignement à la maison. Au Québec, cessons d'investir dans des infrastructures coûteuses et priorisons les soins palliatifs parce que c'est humain, économique, rentable, flexible, accessible et surtout... possible!

* L'auteur est chef du service de soins palliatifs de l'hôpital de Verdun et chef du programme de fellowship en soins palliatifs de la faculté de médecine de l'Université de Montréal.