Au cours des prochains mois, Bombardier licenciera temporairement 185 employés de son usine de La Pocatière en raison du ralentissement économique, et surtout, prétend-elle, du report incessant du contrat des voitures du métro de Montréal.

Au cours des prochains mois, Bombardier licenciera temporairement 185 employés de son usine de La Pocatière en raison du ralentissement économique, et surtout, prétend-elle, du report incessant du contrat des voitures du métro de Montréal.

Tout cela, se désole le syndicat, est la faute de la STM, qui refuse de donner cet important contrat au consortium Bombardier-Alstom, comme il se doit. «Personne ne comprend pourquoi Québec ne met pas son poing sur la table et ne dit pas à la STM que ça a assez duré», lance son président, Mario Lévesque.

Or c'est précisément parce que le gouvernement «a mis son poing sur la table», il y a cinq ans, que Bombardier se voit obligée de réduire ses effectifs aujourd'hui!

N'eut été de l'intervention du ministre Claude Béchard, qui a forcé la Société de transport à négocier de gré à gré avec Bombardier en 2006, les délais ne seraient pas devenus ce qu'ils sont. Les voitures seraient peut-être même en cours d'assemblage...

Député de Kamouraska-Témiscouata, M. Béchard avait en effet tourné les coins pas mal ronds, à l'époque, pour s'assurer que les 342 nouvelles voitures soient assemblées dans sa circonscription. Mettant une croix sur l'appel d'offres souhaité par la STM, le ministre avait promis d'«enligner le contrat vers Bombardier».

«On fera tout ce qu'on peut», ajoutait-il... y compris contourner les règles du commerce international, a-t-on pu saisir par la suite.

D'où les poursuites, les retards, les délais qui ont suivi.

Il est donc pour le moins surprenant de voir le syndicat montrer la STM du doigt, tout comme il est ironique d'entendre le ministre Béchard se dire «tanné» de l'imbroglio dans lequel nous sommes tous collectivement plongés, lui qui en est le grand responsable.

Le pire, c'est que la CSN et la Fédération des chambres de commerce exigent aujourd'hui du gouvernement une intervention semblable à celle de 2005. Elles demandent que l'on accorde le contrat au consortium une fois pour toutes, afin que les travailleurs puissent conserver leur boulot.

Or la fin, aussi noble soit-elle, ne justifie pas les moyens. Pas plus cette fois qu'il y a cinq ans.

En faisant passer le nombre de voitures à assembler de 342 à 765 en cours de route, les autorités n'ont eu d'autres choix que de lancer un avis d'intérêt international, en début d'année, afin de respecter, cette fois, les règles commerciales qui s'appliquent lorsqu'un contrat est modifié substantiellement.

Tenter de les contourner une fois de plus reviendrait à multiplier encore et encore les poursuites et les délais, les injonctions et les retards.

Le gouvernement ne peut à la fois se féliciter chaque fois que La Pocatière réalise des projets pour l'étranger (95% de sa production)... et pousser les hauts cris lorsque l'étranger vient jouer dans ses plates-bandes.

Surtout pas quand il est en négociations avec l'Europe sur un ambitieux accord de libre-échange visant à faciliter le commerce.