Voilà près de 10 ans que les citoyens de Villeray se questionnent quant au sort de l'ex-hôpital chinois (7500, rue Saint-Denis). Alors que des besoins criants en matière d'hébergement et de soins pour aînés, de logements sociaux ou de services en sécurité alimentaire pour les plus démunis ont été identifiés par la communauté locale, le gouvernement du Québec a fait la sourde oreille en préférant laisser l'édifice vacant. Aujourd'hui, le ministère de la Santé décide en catimini d'y transférer les sept centres d'hébergement pour les résidants du Nunavik qui viennent à Montréal recevoir des soins de santé.

Voilà près de 10 ans que les citoyens de Villeray se questionnent quant au sort de l'ex-hôpital chinois (7500, rue Saint-Denis). Alors que des besoins criants en matière d'hébergement et de soins pour aînés, de logements sociaux ou de services en sécurité alimentaire pour les plus démunis ont été identifiés par la communauté locale, le gouvernement du Québec a fait la sourde oreille en préférant laisser l'édifice vacant. Aujourd'hui, le ministère de la Santé décide en catimini d'y transférer les sept centres d'hébergement pour les résidants du Nunavik qui viennent à Montréal recevoir des soins de santé.

Soyons clairs: j'appuie sans réserve la communauté inuite qui cherche une solution durable dans ce dossier. Par contre, je dénonce l'attitude de l'Agence qui, par sa nonchalance, son amateurisme et ses nombreux manquements aux processus normaux de gestion de projet, a généré un cafouillage et créé une division malsaine entre les gens de Villeray et les Inuits. Je déplore le fait qu'elle souhaite aujourd'hui encore brûler des étapes en voulant conclure le dossier en quelques jours.

Après avoir patienté 10 ans, les citoyens et organismes de Villeray méritent minimalement d'être informés et consultés. Il est urgent d'agir de façon responsable et transparente, et ainsi mettre fin à la précipitation qui anime les autorités gouvernementales. Le manque d'information et de consultation a d'ailleurs déjà mené à un triste dérapage alors que plusieurs préjugés injustes et blessants envers les Inuits ont été véhiculés, préjugés qu'il faut dénoncer.

Près de 12,5 millions de dollars de fonds publics sont en jeu dans ce projet, 3000 personnes par année seront en transition dans un quartier résidentiel et devront être transportées quotidiennement dans l'Ouest de Montréal. Des questions légitimes s'imposent. Les réponses sont toujours manquantes.

Ce transfert est-il motivé en fonction des besoins réels des Inuits? Transporter par navette, matin et soir, des personnes malades ne va-t-il pas à l'encontre de la logique de proximité des services que l'on souhaite offrir à tous les Québécois?

À la fin des années 90, la communauté chinoise a d'ailleurs déménagé pour la même raison alors que le quartier chinois est pourtant proche de Villeray. Résultat: un nouvel hôpital a été construit. Sommes-nous en train de reproduire les erreurs du passé?

Les nations autochtones souffrent déjà de plusieurs décisions gouvernementales. Il m'apparaît que le minimum est d'évaluer correctement l'ensemble des options. L'Agence a-t-elle contacté ses partenaires, dont la Ville de Montréal, afin d'évaluer les sites inoccupés à proximité des lieux de traitement, soit près du nouvel hôpital universitaire anglophone actuellement en construction (CUSM) ?

Le directeur de l'Agence a reconnu ses erreurs dans la gestion de ce projet. Depuis, en mode de gestion de crise, l'Agence a accepté de tenir une séance d'information et de mettre sur pied un comité d'implantation. Ce comité doit consulter le milieu et obtenir des réponses à toutes les questions, des garanties pour l'obtention des ressources et des budgets, et ce, avant même que ne soit amorcé le chantier.

En mode accéléré, quelques mois devraient suffire pour réaliser ce mandat. C'est une simple question de respect, de transparence et de saine gouvernance. Il ne s'agit pas de caprices, mais de principes d'éthique et de respect des citoyens.