Depuis plusieurs jours, on discute du coût pour les contribuables que représentent les sommets du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto la semaine prochaine. Outre l'efficience et l'efficacité associées à la somme de 1 milliard de dollars que le gouvernement fédéral consacrera aux deux sommets, aurions-nous mieux fait de dépenser ces précieux dollars ailleurs?

Depuis plusieurs jours, on discute du coût pour les contribuables que représentent les sommets du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto la semaine prochaine. Outre l'efficience et l'efficacité associées à la somme de 1 milliard de dollars que le gouvernement fédéral consacrera aux deux sommets, aurions-nous mieux fait de dépenser ces précieux dollars ailleurs?

Il est toujours tentant de dire qu'une telle somme d'argent serait plus utile à la société canadienne si elle était dirigée vers la santé, l'éducation, ou même la dette. Mais cette logique est basée sur une fausse prémisse: que le Canada vit complètement coupé du reste du monde et qu'il n'a donc pas besoin d'engager des dépenses pour participer à la gouvernance mondiale et y défendre ses intérêts.

Comme le Canada n'est pas la Corée du Nord (heureusement!) et que ses citoyens participent activement au fonctionnement de l'économie internationale en plus de se préoccuper du sort de la planète et de ses habitants, nos gouvernements doivent prendre les moyens pour tenter de régler les problèmes, économiques ou autres, qui dépassent nos frontières. Cela veut dire être l'hôte de grands sommets internationaux de temps à autre. Sinon, nous nous retrouverons seuls et isolés, comme un couple qui ne réciproque jamais les invitations à dîner des autres.

Il faut voir les sommets du G8 et du G20 comme l'équivalent des réunions d'un conseil d'administration d'une entreprise. Quelques fois par année, les administrateurs d'une société se rencontrent pour faire le point sur la performance de l'entreprise et s'assurer qu'elle évolue toujours dans la direction souhaitée afin d'apporter, si nécessaire, des ajustements à la stratégie ou au plan d'actions de l'entreprise. Les «leaders» du G8 et du G20 peuvent donc être considérés comme les administrateurs de cette entreprise que nous appelons la Terre.

Dans le cas du G20, les chefs d'État et de gouvernement se rencontreront pour faire le point sur trois choses: la performance de l'économie mondiale; la situation fiscale des pays membres; et le processus de réforme de la réglementation financière internationale, qui doit aboutir lors du sommet du G20 de novembre prochain à Séoul. La rencontre de Toronto sera ainsi l'occasion de rectifier le tir quant à la direction de ces réformes financières et quant aux politiques macroéconomiques que les gouvernements doivent adopter afin de remettre l'économie mondiale sur le chemin de la croissance durable.

Une telle coordination internationale des gouvernements des économies les plus importantes de la planète est nécessaire dans un contexte de mondialisation où les décisions prises dans un pays ont des répercussions sur les autres. Le danger est qu'en l'absence de coordination, les politiques suivies dans un pays annulent les effets de celles adoptées dans un autre. Par exemple, si tous les gouvernements du G20 tentent d'éliminer leurs déficits fiscaux de façon trop rapide, l'économie mondiale va replonger en récession.

Quant au G8, en plus de la santé maternelle dans les pays en développement, on y discutera des risques en matière de sécurité internationale que représentent à l'heure actuelle l'Afghanistan, la Corée du Nord, l'Iran et le Pakistan. Le conflit au Proche-Orient entre Israël et les Palestiniens sera sûrement aussi au menu des discussions. Il ne faut cependant pas s'attendre à ce que des solutions concrètes à ces «risques» soient annoncées lors de la conclusion du sommet. Les rencontres des chefs d'État et de gouvernement du G8 servent plutôt de point de départ.

En somme, sans ces sommets coûteux, la gouvernance mondiale serait à la dérive. Le Canada est un acteur important dans cette gouvernance, et ce, depuis plusieurs années, et le peuple canadien profite largement de cet engagement, vivant dans un monde largement en paix et ayant accès à une économie mondiale ouverte. Si le prix à payer est d'environ 50 millions ou 1,50$ par personne par année (soit 1 milliard de dollars tous les 20 ans) pour ces avantages, alors c'est très peu.