Les pères sont mal préparés pour négocier une rupture avec la mère, surtout lorsque celle-ci le quitte pour un autre homme.

Les pères sont mal préparés pour négocier une rupture avec la mère, surtout lorsque celle-ci le quitte pour un autre homme.

J'ai moi-même vécu cette situation et lorsque je prends connaissance de ces histoires désespérantes comme celles survenues à Plessisville ou à Piedmont (deux enfants tués par leur père chirurgien en 2009), je ressens encore le choc de voir disparaître d'une seule claque le rêve d'une famille et le désespoir d'affronter la nouvelle vie comme père monoparental.

Le processus émotionnel devient alors très flou et décourageant pour le père.

- L'adaptation de voir et vivre avec ses enfants à temps partiel: comment arranger le travail, les tâches domestiques et la vie sociale une semaine sur deux.

- Les paiements de pension alimentaire: souvent, le père laissé à lui-même a l'impression que l'argent qu'il envoie à son ex ne sera jamais assez pour elle et qu'il profitera au nouveau couple. Le père monoparental devient un genre de guichet automatique ambulant qui répond aux appels de manque de fonds pour les activités des enfants.

- Se trouver une nouvelle compagne: pas facile pour un père mono de se trouver une blonde qui acceptera de partager son temps avec les enfants d'une autre, soit une semaine sur deux ou à toutes les deux fins de semaine (dans mon cas, j'ai la garde de mes deux enfants à temps plein depuis six ans et demi).

La clé est de prendre les moyens d'en parler à la famille, à des amis et aussi à un psychologue (ça m'a pris sept-huit sessions pour comprendre que je n'étais pas responsable des actions de ma conjointe à l'époque, que seule elle devait les assumer).

Il faut que les pères qui deviennent conjoint déchu ou cocu arrêtent de penser que tout est de leur faute, et aussi que tout est de la faute de madame, ou pire, des enfants. Il n'y a pas de faute... il n'y a que la vie, point. Il faut accepter, se résigner et refaire sa vie avec tout le courage qu'on a et qu'on doit puiser avec de l'aide.

Il est aussi primordial que les familles (du père et de la mère) aident le père au maximum en le visitant, en offrant d'aller faire un repas ou une lessive. Trop souvent, les vieilles rancunes et ressentiments de la belle-famille contribuent au sentiment d'isolement du père.

Au nom des enfants affectés par ces séparations et divorces complexes et pénibles, les familles et la société en général doivent trouver le moyen d'aider et d'accompagner le père qui, trop souvent, n'a pas le réflexe de consulter ou de demander de l'aide.

Il faut que les besoins affectifs et matériels des enfants priment sur tout autre sentiment de rejet et de désespoir. Il faut que le père se tourne vers ce qu'il doit faire pour ses enfants en tout premier lieu. Cet amour des enfants doit passer avant tout et tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin doivent le lui rappeler et l'aider.

* L'auteur est un père séparé qui réside dans les Laurentides. Il réagit à la tragédie survenue à Plessisville, où un chauffard a entraîné dans la mort son fils de 4 ans et deux autres personnes, lundi dernier.