Diverses études économiques montrent qu'il existe un lien direct entre le niveau de confiance et l'efficacité fonctionnelle de l'économie, et la productivité et la convivialité de l'environnement de travail. Ces études montrent aussi qu'une baisse de la confiance entraîne une dégradation du rendement de l'économie et amorce un cercle vicieux de méfiance. Il va sans dire: alors qu'il est difficile de créer la confiance, il est facile de la perdre.

Diverses études économiques montrent qu'il existe un lien direct entre le niveau de confiance et l'efficacité fonctionnelle de l'économie, et la productivité et la convivialité de l'environnement de travail. Ces études montrent aussi qu'une baisse de la confiance entraîne une dégradation du rendement de l'économie et amorce un cercle vicieux de méfiance. Il va sans dire: alors qu'il est difficile de créer la confiance, il est facile de la perdre.

La crise financière de 2008 et 2009 a remis en question beaucoup de règles et de liens sur lesquels s'appuyaient les marchés financiers et elle a ébranlé les assises de la confiance. Selon de récents sondages Gallup, par exemple, l'indicateur de confiance du public envers les banques américaines, qui était de 50% avant la crise, a chuté à 30% après les bouleversements des deux dernières années.

La confiance a fait place à l'inquiétude, puis à la désillusion et, finalement, à la peur.

• Pour les particuliers, cette peur s'est cristallisée autour du risque de pertes financières et de la crainte de l'écrasement des institutions et de tout le système.

• Pour les institutions, la peur a exacerbé la méfiance des unes envers les autres.

• Quant aux gouvernements, elle les a forcés à intervenir pour redresser la situation pour apaiser l'aigreur montante, et cela, sans avoir les outils et l'expérience nécessaires pour ce faire.

Les causes et les effets de la crise financière des deux dernières années ont suscité des débats sans fin, mais certains indices peuvent nous aider à constater à quel point la confiance a été ébranlée. Le premier est l'écart entre les taux qu'exigent les banques pour se prêter mutuellement de l'argent et le taux sur les obligations du Trésor des États-Unis. Cette prime de risque, aussi appelé «TED spread», a explosé pour atteindre son sommet en mars 2009, au moment où la crise bancaire était à son paroxysme.

Un autre moyen de mesurer le niveau de confiance est de suivre l'évolution de l'écart de taux exigé par les investisseurs pour acheter les titres d'emprunt des entreprises, par rapport au taux des obligations d'État. Cet écart a presque quadruplé en quelques mois. C'est dire que la confiance des investisseurs envers l'aptitude des entreprises à rembourser leurs emprunts a spectaculairement été ébranlée au cours de cette période.

Le système financier s'est maintenant redressé et stabilisé, comme le montre le retour aux primes de risque plus normales. Nous le devons essentiellement aux politiques adoptées par les gouvernements d'une façon coordonnée partout dans le monde.

L'ampleur des soutiens déployés par les gouvernements et les banques centrales pour remettre sur pied le système financier, aux États-Unis et au Royaume-Uni seulement, a été sans précédent. Ces sommes finiront par être en bonne partie remboursées ou annulées, mais elles donnent une bonne idée de ce qu'il en a coûté pour rétablir la confiance sur les marchés financiers mondiaux.

Discipline fiscale

Le niveau de confiance des investisseurs se redresse, mais il n'est pas revenu à son niveau d'avant la crise.

• Pour cela, il faudra que les autorités publiques continuent de prodiguer des soins attentifs et judicieux, y compris une élimination progressive des moyens monétaires mis en oeuvre, une discipline fiscale rigoureuse, une révision mesurée de la réglementation et la mise en place de moyens efficaces pour l'imposer.

• Nous appuyons l'approche coordonnée adoptée par les gouvernements mondiaux à l'égard du retrait progressif des programmes de soutien et des stimulants déployés depuis deux ans.

• Au Canada, grâce aux politiques monétaires et fiscales efficaces pratiquées depuis longtemps par les gouvernements successifs, ainsi qu'à une réglementation saine et prudente de notre système financier et à une utilisation modérée de l'effet de levier, nous avons moins souffert de la crise financière que beaucoup d'autres pays. Nous ne devrons à l'avenir jamais perdre de vue l'importance de ces éléments essentiels de la politique publique. Nous pensons aussi que le Canada devra faire preuve de prudence à l'égard de l'adoption des normes internationales en matière de réglementation, car il se pourrait qu'elles soient mal adaptées à notre situation.

* L'auteur est président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation du Canada. Ce texte est tiré de l'allocution qu'il a prononcée hier à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires de la société, à Montréal.