Gradué en génie civil de l'Université de Sherbrooke en 1973, je décide de poursuivre mes études en «géotechnique» avec (feu) le professeur Jean-Paul Morin. Je fais partie d'un groupe de recherche sur un projet dont le but est de mettre au point une méthode pour prévoir les glissements de terrain. Le projet est subventionné en partie par le gouvernement québécois.

Gradué en génie civil de l'Université de Sherbrooke en 1973, je décide de poursuivre mes études en «géotechnique» avec (feu) le professeur Jean-Paul Morin. Je fais partie d'un groupe de recherche sur un projet dont le but est de mettre au point une méthode pour prévoir les glissements de terrain. Le projet est subventionné en partie par le gouvernement québécois.

Nous avons procédé à beaucoup de recherches sur le terrain dans une région où il y a eu une multitude de glissements de terrain, anciens et récents (moins de 50 ans). La région investiguée est essentiellement agricole. Comme responsable de l'équipe sur le terrain, j'ai rencontré de nombreux agriculteurs afin d'obtenir leur permission de procéder à des essais sur leur terre.

Comme il est facile de l'imaginer, notre équipe a été un point de curiosité et nous avions souvent la visite de personnes âgées; je profitais toujours de l'occasion pour qu'elles me content leur expérience reliée aux glissements de terrains, que je colligeais soigneusement dans un calepin de notes.

Rapidement, j'ai déduit de leurs observations que quelques temps avant un glissement de terrain, il y a des signes visuels et un comportement anormal des animaux. Ce laps de temps pouvait varier de quelques heures, à quelques jours.

Les signes visuels sont des fissures, de légers déplacements latéraux, de petits affaissements en haut de talus (comme rapporté par le journaliste Hugo Meunier au sujet du glissement à Saint-Jude), un désalignement des piquets de clôture ou des poteaux de service public (Hydro, téléphone), un léger mouvement de bâtiments de ferme. Ces signes sont connus des géologues et géotechniciens. Donc, si l'on avait avisé un ou des experts, quatre vies auraient été sauvées.

Le comportement anormal des animaux est une constante que les gens m'ont rapportée. Un chien qui aboie, constamment excité («mon chien est devenu comme fou»), les vaches tarissent, courent dans tous les sens («comme une taure au printemps»), constamment en mouvement («le diable était aux vaches»), un cheval qui hennit pour rien («mon cheval était excité comme s'il avait senti une jeune pouliche»), des poules qui jacassent même la nuit («je pensais qu'il y avait un renard dans le poulailler»).

Bref, après une dizaine de témoignages semblables à l'effet qu'un ou des animaux ont des comportements anormaux et excessifs, j'en avais conclu que la façon la plus immédiate et facile pour prévenir des accidents était d'inviter les gens à «écouter» les animaux afin de détecter un comportement anormal.

Évidemment, cette dernière conclusion n'a pas du tout plu à certains fonctionnaires qui administraient le budget de recherche!

Donc, il a eu quatre victimes à Saint-Jude à cause de la non-formation des citoyens habitant des régions à risque. Les signes visuels étaient existants et je suis persuadé que le chien de la famille qui a été retrouvé avait des comportements inhabituels.