À 42 ans, je fais partie de la génération qui a gradué de l'école secondaire avant la réforme de 1987 et évidemment avant la dernière réforme. Une génération d'enfants que les parents poussaient à faire des études universitaires parce que pour eux, elles étaient synonymes de réussite. Réussite professionnelle et réussite sociale. Sans égard aux intérêts ou au talent naturel qui m'habitait.

À 42 ans, je fais partie de la génération qui a gradué de l'école secondaire avant la réforme de 1987 et évidemment avant la dernière réforme. Une génération d'enfants que les parents poussaient à faire des études universitaires parce que pour eux, elles étaient synonymes de réussite. Réussite professionnelle et réussite sociale. Sans égard aux intérêts ou au talent naturel qui m'habitait.

L'école m'a appris à lire et à écrire, mais elle ne m'a pas appris à réfléchir et à donner mon opinion. Elle m'a appris à acquérir des connaissances, mais pas à les mettre en pratique. Je me souviens des dates historiques que j'ai dû apprendre par coeur dans mes cours d'histoire, sans plus. Je fais également partie de la génération qui a échoué aux premiers tests de français universitaires.

J'ai deux enfants qui ont connu la dernière réforme. Mon garçon, le plus vieux, fait même partie de la première cohorte qui graduera dans un mois et demi. Sa soeur le suivra de près, l'année suivante. Mon fils a fait partie de toutes les premières fois de la réforme. Il a dû attendre certains manuels ici et là parce que les éditeurs n'étaient pas prêts à les distribuer. Il a dû évoluer dans un environnement où certains professeurs étaient constamment réfractaires aux changements.

Il a tout de même eu la chance de côtoyer, durant son parcours scolaire, quelques jeunes professeurs fraîchement gradués, ouverts d'esprit et prêts à travailler avec les élèves dans le sens de la réforme. Prêts à appliquer les évaluations des compétences transversales qui servent non seulement à évaluer les connaissances acquises, mais également à évaluer la transposition de ces connaissances dans la pratique. Ces mêmes professeurs ont suscité l'intérêt de mes enfants pour l'apprentissage. Ils leur ont donné le goût et leur ont permis de réussir.

Bien entendu, mes enfants ont pu compter sur un soutien constant à la maison et un encouragement indéfectible. Je les incite à réussir, à être fiers de leurs accomplissements. Je ne leur demande pas d'être premiers de classe, mais je leur demande des efforts constants, de tenter de trouver des solutions devant une difficulté, de ressentir qu'ils ont mérité leurs notes.

Ce sont des étudiants qui n'ont pas entendu de commentaires négatifs sur l'école à la maison, des enfants dont les parents appuient les professeurs, bons ou mauvais. Cette attitude, ce soutien et cette présence ont également grandement contribué à leur réussite. Ils sont effectivement entourés d'enfants pour qui l'école ne fonctionne pas, pour qui la réussite scolaire n'est pas un objectif parce qu'ils ne semblent pas bénéficier du soutien de leurs parents à la maison.

La réforme, avec ses qualités et ses défauts, va accoucher d'une première cohorte d'étudiants intelligents, informés, curieux et ouverts sur le monde. Par leurs divers apprentissages, ils ont appris à raisonner, à argumenter et à donner leur opinion. Certes, la qualité du français peut encore être améliorée, beaucoup d'efforts peuvent encore être faits pour tenter de trouver des moyens d'amener les étudiants à vouloir s'instruire, leur donner le goût de bien écrire. Mais tous ces efforts ne peuvent provenir seulement du secteur de l'enseignement. Aucune méthode, aucune révolution, ne permettra d'assurer la réussite des étudiants, de contrer le décrochage si, à la maison, le soutien des parents n'y est pas.

J'ai une grande confiance en la qualité de l'enseignement que mes enfants ont reçu, malgré ses défauts et lacunes. J'ai la certitude qu'ils ont les outils nécessaires pour poursuivre leurs apprentissages et pour entreprendre et réussir leur vie future, peu importe le métier ou la profession qu'ils choisiront de faire.