Si mon fils avait fait ce que Dany Villanueva a fait dans sa supposée carrière de «grand criminel», savez-vous ce qui se serait passé? Il aurait sûrement reçu un sermon de la part de son directeur d'école, de ses professeurs les plus proches, de son père, de ma part et des autres adultes qui l'entourent. Il aurait peut-être été reconnu coupable sous des chefs d'accusation au criminel, fait des travaux communautaires et obtenu son pardon après cinq ans. Il aurait passé, comme on aime à le dire chez nous, un mauvais quart d'heure, ça oui! Mais c'est tout.

Si mon fils avait fait ce que Dany Villanueva a fait dans sa supposée carrière de «grand criminel», savez-vous ce qui se serait passé? Il aurait sûrement reçu un sermon de la part de son directeur d'école, de ses professeurs les plus proches, de son père, de ma part et des autres adultes qui l'entourent. Il aurait peut-être été reconnu coupable sous des chefs d'accusation au criminel, fait des travaux communautaires et obtenu son pardon après cinq ans. Il aurait passé, comme on aime à le dire chez nous, un mauvais quart d'heure, ça oui! Mais c'est tout.

Combien de «nos» enfants se livrent à des actes de petite délinquance? Combien d'entre «nous» ont des enfants parfaits, qui ne commettent jamais de bêtises? Combien sont des parents parfaits qui peuvent affirmer sans peur de se tromper que leurs enfants ne feront jamais un faux pas? Si je vois des mains qui se lèvent, je reconnaîtrai enfin les menteurs de notre société.

Si Lilian Villanueva était à ma place, elle n'aurait pas perdu un fils sous les balles du SPVM et ne s'apprêterait pas à voir son autre fils expulsé à vie du Canada. Voilà la triste vérité que personne ne veut regarder en face. Qu'est-ce que l'on cherche à expulser du pays en expulsant Dany Villanueva?

Notre incapacité à établir une vraie justice pour tous? Notre peur irrationnelle de l'étranger, de l'autre? Notre sentiment de culpabilité à l'égard d'une mort inutile que nous avons tous sur la conscience? Excusez-moi, mais nous nageons en plein délire.

Il y a quelques années, j'ai réalisé un documentaire sur l'immigration en France. En discutant de ce sujet avec des Québécois, je me suis rendu compte qu'il leur était bien facile de soutenir que la France était une société raciste... Et que nous, nous ne l'étions pas.

Si «nous ne le sommes pas», comme on aime à se faire croire, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi nous sommes en train d'expulser un jeune qui a, oui, arraché du cou une chaîne à un autre jeune? Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a pris cinq minutes pour rendre sa décision d'expulsion? Ou pourquoi dans les jours qui ont suivi le décès de Fredy Villanueva, son petit frère, abattu devant lui par le SPVM, l'Agence des services frontaliers du Canada a-t-elle pris contact avec le sergent détective de la Sûreté responsable de l'enquête sur cet incident tragique au sujet du dossier de Dany Villanueva?

Si on veut vraiment parler de grande criminalité, on peut en parler. Avez-vous entendu parler des scandales qui éclaboussent le gouvernement Charest? Je me suis laissé dire que la loi régissant le financement des partis est régulièrement bafouée, sans parler des contrats douteux et des nominations partisanes des juges... Avez-vous entendu parler des primes honteuses que se sont votées les grands patrons et plusieurs banquiers peu recommandables pendant la crise financière que nous n'arrivons pas à traverser? Avez-vous entendu parler de «notre» communauté criminelle bien de chez nous qui prospère au grand jour et recycle des fortunes en argent sale dans l'économie officielle?

Si vous avez effectivement entendu parler de tout ça et du reste, comment se fait-il que l'on ne sache pas faire la différence entre grande criminalité et petite délinquance dans le cas Villanueva? Encore une question: on les renvoie où, les grands criminels bien de «chez nous»?