L'innovation est étroitement liée à la productivité. La crise économique l'a rappelé durement aux entreprises dans le monde. Fait inquiétant, selon le Conseil des académies canadiennes, la productivité des entreprises canadiennes est passée de 90% à 76% de la productivité américaine entre 1984 et 2007. Le Québec ne fait pas exception.

L'innovation est étroitement liée à la productivité. La crise économique l'a rappelé durement aux entreprises dans le monde. Fait inquiétant, selon le Conseil des académies canadiennes, la productivité des entreprises canadiennes est passée de 90% à 76% de la productivité américaine entre 1984 et 2007. Le Québec ne fait pas exception.

Pire, plusieurs décrient aujourd'hui chez nos jeunes la chute de l'esprit entrepreneurial et innovant, longtemps une force de notre communauté d'affaires. Pourtant, les différents programmes et avantages fiscaux reliés à la recherche et au développement, et à la création d'entreprises au Québec figurent aux premiers rangs mondiaux. La globalisation des marchés a-t-elle révolutionné les modèles traditionnels d'innovation?

La réponse se trouve peut-être en partie du côté des politiques migratoires du Québec. L'innovation repose de plus en plus sur la faculté des entreprises de bénéficier de la mobilité des cerveaux. Les stratégies de recherche et de développement sont dynamiques et impliquent une circulation libre des talents. Le marché des cerveaux et des idées est une arène de combat où les entreprises font face à des défis croissants en termes de politiques migratoires et de protection de la propriété intellectuelle.

Les politiques migratoires du Québec sont basées principalement sur la volonté de pallier les défis démographiques et les pénuries de main-d'oeuvre. Ce système répond à des besoins pressants, mais ne couvre pas adéquatement la question de la mobilité des idées.

Le programme des travailleurs temporaires permet aux entreprises de recruter à l'extérieur si la pénurie de main-d'oeuvre est démontrée dans le marché visé. Toutefois, il n'accorde pas la faculté d'apprécier subjectivement les candidats et de recourir temporairement à des talents qui répondent à un besoin d'innovation et non strictement à un manque de main-d'oeuvre. Ce système nuirait-il à notre faculté collective d'innover?

En 2006, aux États-Unis, l'USPTO (Office états-unien des brevets et des marques) a enregistré trois fois plus de brevets par million d'habitants qu'au Canada. Pourtant, le pourcentage de diplômés universitaires en sciences pures et appliquées parmi les diplômés était beaucoup plus élevé au Québec. Des recherches démontrent que plus du quart des inventions américaines sont créées par des immigrants, seuls ou en collaboration avec des résidents américains. Un grand nombre de ces chercheurs émérites sont admis aux États-Unis à titre de travailleurs temporaires sous la catégorie H-1B. Ce programme permet de recruter tout professionnel étranger sans démontrer une pénurie de professionnels dans le secteur visé. En somme, il permet aux entreprises de recruter les meilleurs. Il n'y a pas de recherche sans chercheurs et la capacité d'innover d'un professionnel se mesure bien davantage par une appréciation subjective qu'objective.

Le défi des politiques migratoires n'est pas d'imposer des mesures protectrices pour contrecarrer le flux des idées, mais plutôt de s'assurer que l'environnement d'affaires québécois soit doublement attrayant pour attirer les ressources étrangères et susciter le retour de nos expatriés qui ont acquis à l'étranger une expertise additionnelle inestimable.

La mobilité des professionnels et des idées est une des clés essentielles vers l'innovation. À l'instar de l'ALENA et à la lumière du modèle européen, l'ouverture des marchés à la coopération globale et au mouvement international des compétences est une composante essentielle des efforts de recherche et développement de toute nation. L'accord de mobilité conclu entre le Québec et la France et les négociations avec l'Union européenne vont en ce sens. Toutefois, nos entreprises font face à des défis immédiats et pressants.

Espérons que le Québec saura adapter ses politiques pour prendre sa place dans l'arène compétitive de l'innovation.

*L'auteure est associée au cabinet d'avocats BCF. La firme est un des partenaires du Focus stratégique Québec 2010 qui aura lieu le 22 avril. Au cours de cette rencontre, plus de 300 personnes définiront une nouvelle vision d'avenir pour le Québec.