L'immigration est souvent perçue et présentée comme une source de main-d'oeuvre, une solution à un déficit démographique. Sans être erronée, une telle vision occulte des pans de contributions des immigrants à leur nouvelle société.

L'immigration est souvent perçue et présentée comme une source de main-d'oeuvre, une solution à un déficit démographique. Sans être erronée, une telle vision occulte des pans de contributions des immigrants à leur nouvelle société.

Un immigrant, qu'importe sa motivation, est en partant un entrepreneur. Entendons qu'entreprendre, c'est prendre des risques monnayables. Et qui dit risque traduit l'inconnu. En quittant son pays, l'immigrant va vers l'inconnu, à la recherche d'un trésor. C'est toujours dans l'inconnu que se trouve caché, le trésor. L'immigration ouvre à de nouvelles réalités, à des désillusions tout comme à des occasions nouvelles d'accomplissement, en emploi, en art, en entreprise, en politique, etc.

De tout temps, des immigrants ont un apport dont on ne parle pas, sinon à rabais. Culturellement, j'en passe. Sur le plan économique, des immigrants font rentrer au pays plus d'argent « neuf » qu'ils n'en prennent.

En 2009, Mohamed a exporté vers la Tunisie la friperie pour 120 000 $. En emploi, il a gagné à peine 40 000 $, dont il a investi le tiers dans le démarrage de son entreprise. Mon autre client, Samir, a exporté des rétro-chargeurs et des pelles usagées pour plus de 250 000 $. Son revenu d'emploi, réinvesti dans notre économie, était à peine de 27 000 $. Tandis qu'Ahmed, en affaires à temps plein, a vendu à l'exportation des autos usagées ou accidentées, pour une valeur excédent 500 000 $. Ses clients sont tous des immigrants.

La même année, Muhawe a permis à une entreprise de Montréal d'obtenir en Afrique un marché de solutions informatiques, pour plus de 1 million de dollars. Quant à Koné, ré-immigré à Los Angeles après un long séjour d'étude à Montréal, il exporte d'une entreprise de Boucherville des cosmétiques pour 60 000 $ trimestriellement.

Ces cas sont vrais. Je peux en fournir plusieurs dizaines autres, dans des domaines aussi variés que la récupération, l'alimentation, les équipements, les services, la finance, l'industrie chimique. Ce n'est là qu'une toute menue fenêtre ouverte devant ma petite cour, et des cas d'immigrants non choisis, rentrés comme réfugiés ou étudiants, donc non-investisseurs à l'arrivée.

Des immigrants sont indéniablement des clés privilégiées d'accès aux marchés étrangers. Et ils ne coûtent pas cher, juste un coup de pouce pour leur intégration. Un nombre non négligeable d'entreprises québécoises ont su trouver dans la ressource immigrante un second poumon, un second souffle. Voire certaines industries en dépendent, à l'exemple la friperie et l'épicerie du quartier, pour les plus visibles.

Cette contribution mérite d'être valorisée, d'autant plus que c'est l'exportation qui nous permet de maintenir ou d'améliorer notre train de vie. Un pays qui exporte, s'enrichit, à moins de n'exporter que la matière brute non renouvelable. Un pays qui importe plus qu'il n'exporte s'appauvrit, à moins de transformer ou réexporter.

Mon grand père disait : « Tu auras beau avoir plusieurs poches dans ton blouson, leur nombre ne t'apportera pas la richesse. Elle est dans la poche d'autrui. » En effet, on ne s'enrichira pas en jouant aux cartes avec les billets verts, plutôt en les faisant transiter par la poche de l'autre.

À plus de 70 %, la production des Canadiens est exportée. Bien que les États-Unis constituent la destination première, les autres marchés sont tout autant importants. Ainsi, plus nous avons d'immigrants originels de divers pays, plus nous valoriserons l'esprit d'entrepreneur sommeillant en chacun, plus nous ouvrirons des portes d'accomplissement et d'enrichissement collectif.