Au moment où l'ADQ élisait son chef, en fin de semaine dernière, la troisième voie à l'Assemblée législative albertaine se choisissait aussi un nouveau leader.

Au moment où l'ADQ élisait son chef, en fin de semaine dernière, la troisième voie à l'Assemblée législative albertaine se choisissait aussi un nouveau leader.

La très grande majorité des 12 000 membres de la Wildrose Alliance a voté en faveur de Danielle Smith, une femme de 38 ans qui a notamment été éditorialiste au Calgary Herald, analyste politique à Global TV, directrice d'un institut de recherche sur la propriété privée et, plus récemment, directrice albertaine de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

La Wildrose Alliance, sous son nouveau leadership, est présentement en train de réussir là où l'ADQ le souhaiterait: devenir la véritable alternative politique de sa province pour ceux qui veulent réduire la taille de l'État, limiter la réglementation au minimum pour favoriser l'entrepreneurship et éliminer la paperasserie gouvernementale.

Parce que l'Alberta présente un déficit historique de 7 milliards de dollars cette année, Mme Smith accuse le gouvernement conservateur du premier ministre Ed Stelmach d'avoir perdu le contrôle des dépenses et de commencer à ressembler à un gouvernement libéral québécois.

On parle bien ici de l'Alberta, où la taille de l'État est plus petite qu'au Québec et où les contribuables ne paient qu'un impôt à taux unique de 10%, sans aucune taxe de vente provinciale. Et ne vous y trompez pas, Mme Smith n'est pas une conservatrice sociale. C'est au contraire une femme pro-choix et favorable au mariage gai.

Elle se définit elle-même comme libertarienne, c'est-à-dire conservatrice au plan fiscal et libérale au plan social. Vivre et laisser vivre. Elle n'aime pas le gouvernement qui taxe trop, ni celui qui souhaite lui imposer ses valeurs.

La Wildrose Alliance attire l'attention depuis quelques mois parce que Mme Smith sait articuler des politiques de droite controversées mais convaincantes. De la liberté de choix en éducation à l'octroi de service de santé par le secteur privé, en passant par une diminution des redevances sur le gaz, sans oublier son parti-pris pour la démocratie directe, elle retient l'attention et fait jaser.

Danielle Smith se veut aussi autonomiste en exigeant du gouvernement fédéral qu'il respecte les compétences des provinces, sans abuser de son pouvoir de dépenser. Elle propose même le retrait de l'Alberta du Canada Pension Plan.

À peine Mme Smith prend-elle les commandes de la Wildrose Alliance que les sondages se sont déjà mis à monter en Alberta. Son parti devance présentement les libéraux comme potentielle opposition au gouvernement conservateur de la province. Le mois dernier, la Wildrose Alliance a remporté une première élection partielle dans une forteresse conservatrice depuis plus de 40 ans. Une véritable bouffée d'air frais dans une Alberta qui ne change pas souvent ses loyautés politiques. Elle fait en sorte que la politique albertaine redevient «exciting again», comme l'a écrit le Herald en éditorial cette semaine.

Des députés conservateurs songent même à quitter le gouvernement pour aller siéger avec l'unique député de la Wildrose Alliance.

Alors que Gilles Taillon accède à la direction de l'ADQ et cherche désespérément un modèle pour revamper son parti, Danielle Smith pourrait très bien l'inspirer.

C'est par des idées fortes ignorées des vieux partis, mais qui jouissent d'un appui massif de la majorité silencieuse qu'une troisième voie peut trouver sa place au soleil, en Alberta comme au Québec.