La semaine dernière, les médias québécois ont fait grand cas de l'ajout de quelques inspecteurs pour contrôler ce qu'il convient d'appeler les «usines à chiots», cette pratique qui place le Québec au dernier rang nord-américain en matière de traitement des animaux.

La semaine dernière, les médias québécois ont fait grand cas de l'ajout de quelques inspecteurs pour contrôler ce qu'il convient d'appeler les «usines à chiots», cette pratique qui place le Québec au dernier rang nord-américain en matière de traitement des animaux.

Or, ces nouveaux inspecteurs ne sont que l'une des mesures proposées par le rapport du Groupe de travail sur le bien-être des animaux de compagnie, présidé par le député de Jacques-Cartier, Geoffrey Kelley, lequel soulève plusieurs autres problématiques d'importance en ce qui concerne le bon traitement des animaux de compagnie. Parmi ceux-ci, on retrouve la création de normes plus précises pour la garde des animaux, le financement des activités entourant le bien-être animalier et l'éducation des maîtres d'animaux de compagnie.

L'équipe de l'Inspecteur canin est à même de constater chaque jour ces besoins grandissants. Les «usines à chiots» n'en sont qu'un aspect; les maîtres négligents sont encore beaucoup plus courants. Cette situation n'est pas seulement déplorable du point de vue du bien-être animal, mais aussi du bien-être humain, puisque ces créatures délaissées colportent leur lot de maladie et peuvent développer des comportements imprévisibles.

Des normes de qualité

Le Québec doit faire des pas de géant, au cours des années à venir, pour rattraper ce qui se fait présentement sur le continent. Il n'y a pas que l'élevage: le Québec a aussi besoin de normes à jour en matière de contrôle animal, de façon à ce que les contrôleurs animaliers puissent s'y conformer, voire même les dépasser.

Pour le moment, l'absence de telles normes est inquiétante. Non seulement les animaux ne sont-ils pas bien protégés, mais aucune instance gouvernementale n'est en mesure d'approuver ou de désapprouver les initiatives de l'industrie en la matière! Dans notre cas, l'organisme chargé de réglementer le contrôle animalier – Anima Québec – s'est dit dans l'impossibilité de nous fournir des normes précises. Il nous aura fallu attendre la collaboration des inspecteurs de la... CSST!

L'une des premières interventions du gouvernement, avant d'embaucher des inspecteurs, devrait plutôt concerner l'étude des normes étrangères, notamment celles de l'American Veterinary Medical Association (AVMA). La collaboration de l'Ordre des vétérinaires du Québec est également nécessaire, afin que de telles normes fassent consensus et soient connues de l'ensemble de la profession, non pas seulement de quelques nouveaux inspecteurs.

Chaque semaine, notre équipe prend en charge des animaux abandonnés, les couvrant de toute l'affection et des soins qu'ils sont en mesure de leur donner. Aucun inspecteur ne pourra régler ce problème: c'est une question d'éducation et de responsabilisation.

Le Québec est en proie à un commerce animalier où les nouveaux propriétaires d'animaux de compagnie connaissent mal leurs nouvelles responsabilités et les coûts qui y sont associés. Le nouvel ami de la famille devient souvent vite encombrant... C'est ainsi qu'en 2007, 750 000 animaux de compagnie ont été abandonnés!

Le rapport du député Kelley souligne pourtant des pistes de solution simples, qui n'ont tout simplement jamais retenu l'attention du législateur ou des administrations publiques: exiger la stérilisation des animaux de compagnie, ou encore promouvoir le recours aux refuges pour l'adoption d'animaux de compagnie, par exemple.

Les Québécois ont à coeur le bien-être des animaux de compagnie, d'abord par leurs maîtres, puis par les institutions chargées de les recueillir et d'en prendre soin. Ils ont aussi à coeur que ces animaux soient traités «humainement», surtout lorsqu'il faut recourir à la solution ultime, celle de l'euthanasie. Il est donc temps que le gouvernement du Québec en prenne acte et investisse les ressources nécessaires. Des centaines de spécialistes et des milliers d'amoureux des animaux seront là pour que le Québec s'installe au premier rang en matière de traitement des animaux de compagnie.